Lorsqu’on parle de risque de crédit, on pense souvent aux prêts bancaires ou aux obligations d’entreprises. Pourtant, ce risque est également présent sur les marchés financiers, notamment dans les transactions sur produits dérivés. C’est ce qu’on appelle le Credit Value Adjustment (CVA).
Mais qu’est-ce que le Credit Value Adjustment exactement ? Comment est-il calculé et quel est son impact sur la finance de marché ? En quoi se distingue-t-il d’autres types de risques financiers, comme le risque de marché ou le risque de liquidité ? Enfin, comment le Credit Value Adjustment influence-t-il la valorisation des ETF et des produits de trading accessibles aux investisseurs ?
Qu’est-ce que le Credit Value Adjustment ?
Le Credit Value Adjustment (CVA) est une mesure utilisée en finance pour évaluer le risque de contrepartie dans les transactions de produits dérivés ou d’instruments financiers. Il s’agit d’un ajustement apporté à la valeur d’un contrat financier pour tenir compte du risque que l’autre partie (la contrepartie) ne respecte pas ses engagements, autrement dit, qu’elle fasse défaut. C’est donc une mesure de précaution supplémentaire en finance de marché.
Quand une banque ou une entreprise signe un contrat financier avec une autre partie (une autre banque ou un fonds d’investissement), il y a toujours un risque que cette dernière ne puisse pas tenir ses engagements, autrement dit qu’elle fasse défaut. Plutôt que d’ignorer que la possibilité de défaut existe, les opérateurs de marché vont ajuster la valeur du contrat en fonction de ce risque. En résumé, le Credit Value Adjustment estime la probabilité qu’une contrepartie fasse défaut et mesure la perte potentielle si cela arrive. Cet ajustement permet d’avoir une vision plus réaliste de la valeur d’un contrat et d’anticiper les mauvaises surprises.
Depuis la crise financière de 2008, où le risque de contrepartie a explosé au grand jour, le Credit Value Adjustment est devenu un outil incontournable pour les banques et les investisseurs afin de mieux gérer leurs risques.
Comment est calculé le Credit Value Adjustment ?
Le Credit Value Adjustment (CVA) est calculé en estimant combien on pourrait perdre si la contrepartie d’un contrat financier ne pouvait pas honorer ses engagements.
Mathématiquement, il repose sur trois éléments clés :
- la probabilité de défaut de la contrepartie (à quel point il est probable qu’elle ne paie pas) ;
- la perte en cas de défaut (combien on risque de perdre si cela arrive) ;
- et l’exposition future (combien le contrat vaudra dans le futur).
Prenons un exemple avec un ETF sur l’indice S&P 500. Imaginez qu’une banque achète un swap pour se couvrir contre une baisse de cet ETF S&P 500 auprès d’une contrepartie financière (une autre banque). Si cette contrepartie est jugée solide, le risque de défaut est faible et le CVA sera minime.
Mais si cette contrepartie a une note de crédit dégradée, la probabilité qu’elle ne puisse pas payer augmente. Supposons que le montant du swap soit de 10 millions d’euros, que la probabilité de défaut sur un an soit de 2 %, et que la banque ne récupère que 40 % de son argent en cas de défaut.
Le CVA serait alors calculé ainsi :
CVA = (1−40%) × 10 000 000 × 2% = 120 000 euros
Autrement dit, la banque ajuste la valeur de son contrat en intégrant un coût de 120 000 euros pour refléter le risque de défaut de son partenaire. C’est ainsi que les institutions financières sécurisent leurs transactions et évitent de mauvaises surprises.
Quel est l’impact du Credit Value Adjustment dans la finance de marché ?
Le Credit Value Adjustment (CVA) joue un rôle essentiel en finance de marché, car il influence directement la valorisation des produits dérivés et des transactions impliquant un risque de contrepartie. Lorsqu’une institution financière signe un contrat avec une autre partie, par exemple, un swap ou un produit structuré, elle doit tenir compte du risque que cette dernière fasse défaut. Plus ce risque est élevé, plus le CVA sera important, ce qui augmente le coût du produit financier.
C’est là que les agences de notation, comme Moody’s, S&P ou Fitch, entrent en jeu, car elles attribuent des notes de crédit aux institutions financières, indiquant leur solidité et leur capacité à honorer leurs engagements. Une banque avec une excellente note (AAA) bénéficiera d’un CVA faible, car le risque de défaut est minime. À l’inverse, une contrepartie notée BB ou moins verra son CVA grimper en flèche, rendant toute transaction avec elle plus coûteuse.
En conséquence, les entreprises et institutions ayant une mauvaise notation doivent offrir des conditions plus attractives pour compenser ce surcoût qui peut réduire leur compétitivité sur les marchés. C’est ainsi que le Credit Value Adjustment et les notations financières s’entrelacent, influençant à la fois la rentabilité des transactions et le coût final des produits financiers.
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Lorsqu’un investisseur ou une institution financière exécute une opération en Bourse, le risque de contrepartie (dont le CVA est la solution) n’est pas le seul élément à prendre en compte. Il existe aussi quand on veut investir en Bourse plusieurs autres types de risques qui peuvent impacter la rentabilité d’un investissement.
Le risque de marché et le risque de change sont les plus évidents. Ils correspondent à la possibilité de subir une perte en raison de la variation des prix des actifs financiers, que ce soit à cause de la volatilité des actions ou des fluctuations des taux de change.
Ensuite, il y a le risque de liquidité, qui survient lorsqu’il devient difficile d’acheter ou de vendre un actif sans provoquer un impact significatif sur son prix, un problème courant avec des actifs peu échangés ou en période de forte instabilité.
D’autres risques sont également à considérer, comme le risque opérationnel, lié à des erreurs humaines, des défaillances technologiques ou des fraudes, ainsi que le risque réglementaire, qui découle des évolutions légales pouvant affecter la valeur ou la détention de certains actifs.
Quel est l’impact du Credit Value Adjustment sur les investissements en ETF et autres produits financiers ?
Le Credit Value Adjustment (CVA) a un impact particulièrement important sur les ETF à réplication synthétique, car ces produits ne détiennent pas directement les actifs sous-jacents. Contrairement aux ETF à réplication physique, qui possèdent réellement les actions ou obligations de leur indice de référence, les ETF synthétiques s’appuient sur des contrats de swap passés avec une banque pour reproduire la performance de l’indice. Cela signifie que l’investisseur est exposé au risque de contrepartie de cette banque, car si elle fait défaut, la performance de l’ETF pourra être fortement impactée. Le CVA permet donc d’ajuster la valorisation de ces produits en intégrant ce risque, rendant certains ETF synthétiques plus coûteux que leurs équivalents physiques, surtout lorsque la contrepartie a une note de crédit médiocre.
Mais le Credit Value Adjustment ne se limite pas aux ETF. Il affecte également d’autres produits financiers comme les obligations, où le risque de contrepartie se traduit par le spread de crédit. Plus un émetteur est jugé risqué, plus le taux d’intérêt de ses obligations sera élevé pour compenser ce risque. C’est pourquoi les obligations d’un État très solvable, comme l’Allemagne, ont des taux plus bas que celles d’un pays émergent avec une moins bonne notation.
Enfin, les produits dérivés cotés, comme les turbos et certificats, sont aussi concernés par le Credit Value Adjustment. Ces produits financiers sont émis par des banques et reposent sur des mécanismes impliquant une contrepartie financière. Un émetteur avec une note de crédit dégradée devra appliquer un CVA plus élevé, ce qui peut se traduire par un coût plus important ou un effet de levier moins attractif pour les investisseurs.
En conclusion, le Credit Value Adjustment est un élément clé dans l’évaluation des risques liés à de nombreux instruments financiers et impacte directement leur coût et leur attractivité sur les marchés financiers.
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