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Comment fonctionnent les agences de notation financière ?

Comment fonctionnent les agences de notation financière ?

Aujourd’hui, les agences de notation financière occupent une place centrale dans le monde de la finance, la mission des agences de notation étant d’évaluer la capacité d’un État ou d’une entreprise à rembourser sa dette en lui attribuant une note, note qui influence directement la confiance des investisseurs à son égard et son coût de financement.

Mais comment les agences de notation établissent leurs notes ? Sur quels critères ces notes reposent-elles ? Et surtout, quelles conséquences peuvent-elles avoir sur l’économie, notamment en France ?

Dans cet article, nous vous proposons de comprendre le rôle, le fonctionnement et les limites de ces arbitres de la crédibilité financière mondiale.

Qu’est ce qu’une agence de notation ?

Une agence de notation est une société dont le rôle est d’évaluer le risque de défaut d’un emprunteur sur ses dettes financières, appelé aussi sa signature. Les emprunteurs peuvent être des entreprises privées ou publiques, des États ou des collectivités.

Depuis les années 1980, les agences de notation sont devenues un indice de référence tant pour les émetteurs que pour les investisseurs qui peuvent ainsi déterminer la solvabilité des émetteurs. Leur notation modifie le comportement des investisseurs institutionnels et sont les acteurs indirects de l’avenir des États et entreprises notées.

Les notations attribuées ne constituent pas des recommandations d’achat ou de vente de titres, puisque l’objectif d’une notation est d’évaluer l’estimation du risque à un instant donné.

Parce qu’elles influencent directement les marchés financiers, les agences de notation sont elles-mêmes soumises à une stricte régulation. En Europe, c’est l’ESMA qui veille à leur transparence et à la fiabilité de leurs méthodes. Aux États-Unis, la SEC joue un rôle similaire. Ces règles imposent aux agences comme Moody’s, Standard & Poor’s ou Fitch Ratings de justifier leurs évaluations et de garantir l’indépendance de leurs analyses. C’est un point essentiel car leur crédibilité repose avant tout sur la confiance que leur accordent les investisseurs et les États.

Quelles sont les principales agences de notation ?

Les agences de notation financière sont nombreuses à travers le monde, mais trois d’entre elles dominent très largement le marché à l’international : Standard & Poor’s (S&P), Moody’s et Fitch Ratings. Ces trois institutions américaines détiennent à elles seules plus de 90 % du marché mondial de la notation de crédit, ce qui leur confère une influence considérable sur la perception du risque des États et des entreprises.

Standard & Poor’s

Standard & Poor’s (S&P), fondée en 1860, est sans doute la plus connue. Elle appartient aujourd’hui au groupe S&P Global et publie de nombreux indices de référence, dont le célèbre S&P 500. Son système de notation, allant de AAA (qualité maximale) à D (défaut), est devenu un standard mondial. Les décisions de S&P, souvent très médiatisées, ont un impact direct sur les marchés financiers et les conditions d’emprunt des États.

Moody’s

Moody’s Investors Service, créée en 1909 par John Moody, est la deuxième plus ancienne des grandes agences. Basée à New York, elle évalue la solvabilité de milliers d’émetteurs publics et privés à travers le monde. Sa notation, similaire à celle de S&P mais utilisant une échelle légèrement différente (de Aaa à C), fait référence notamment sur les marchés obligataires. Moody’s est souvent perçue comme l’agence la plus analytique, accordant une place importante aux perspectives économiques de long terme.

Fitch

Fitch Ratings, plus jeune, a été fondée en 1913 et est aujourd’hui co-détenue par le groupe américain Hearst et le britannique Fimalac. Moins influente que ses deux concurrentes, elle reste néanmoins incontournable dans les notations souveraines et celles des institutions financières. Sa grille de notation est quasiment identique à celle de S&P, ce qui permet une comparaison directe entre agences.

À côté de ces trois géants, il existe quelques agences de notation plus régionales ou spécialisées, comme DBRS Morningstar, basée au Canada et bien implantée en Europe, ou encore Scope Ratings, une agence allemande qui ambitionne de proposer une alternative européenne aux grands acteurs américains. Bien que leur poids reste limité, ces acteurs contribuent à diversifier les approches et à atténuer la concentration du pouvoir de notation entre les mains du trio historique d’agences de notation.

Comment fonctionne une agence de notation ?

Nous allons voir maintenant comment se déroule concrètement le processus de notation et quels systèmes sont utilisés par les agences de notation. Ces éléments sont essentiels pour comprendre comment elles évaluent la solvabilité des États et des entreprises.

Le processus de notation

Pendant plus d’un demi-siècle, les agences de notation étaient financées par les investisseurs qui payaient pour obtenir les notes des émetteurs. Désormais, l’émetteur qui désire être noté rémunère l’agence pour ses services. Les notations non sollicitées s’appuient sur des informations publiques.

Dans le cas d’une notation sollicitée, la note est attribuée après collecte des informations auprès de l’émetteur et entretien avec ce dernier. Une fois l’analyse présentée, l’émetteur peut faire appel à la décision du comité. La décision finale se traduit par un communiqué de presse relativement synthétique.

Les critères de notation sont disponibles sur les sites de Standard & Poor’s, Fitch Ratings et Moody’s. Ils associent les informations communiquées par l’émetteur aux données macro-économiques. Une analyse sectorielle est également prise en compte, mais aussi une évaluation qualitative du management et du contexte politique.

Les critères ESG (autrement dit Environnement, Social et Gouvernance) prennent désormais une place grandissante dans le travail des agences de notation. Autrefois centrées presque exclusivement sur les chiffres, ces dernières s’intéressent aujourd’hui aussi à la manière dont une entreprise ou un État gère son impact environnemental, ses équipes et sa gouvernance.

Ces aspects peuvent sembler secondaires, mais ils influencent bien souvent la solidité financière sur le long terme. Une société très dépendante des énergies fossiles ou minée par des problèmes internes de management, par exemple, sera perçue comme plus vulnérable. C’est pourquoi Moody’s, S&P ou Fitch Ratings intègrent désormais ces dimensions dans leurs analyses, considérant qu’elles représentent de véritables indicateurs de risque à long terme.

Les systèmes de notation

Le système de notation diffère d’une agence à l’autre mais un consensus peut être établi : les notes vont de A à D, A étant la meilleure note, et sont composées d’échelons intermédiaires. Un émetteur noté AAA (ou Aaa) aura un risque de faillite de 0,05 %. En d’autres termes, plus la note de l’émetteur est élevée, plus son risque de faillite est faible dans les années à venir.

Un investissement est jugé spéculatif lorsqu’il s’adosse à un titre de dette émis par une entreprise notée BB ou moins. De manière générale, on considère que du AAA au A, les investissements sont sécurisés ; du BBB au B, ils sont considérés comme spéculatifs ; du CCC au C, l’entreprise est en risque de défaut ; et une notation du DDD au D traduit une situation de faillite de l’emprunteur.

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Tableau de notation de Standard and Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings

Catégorie Standard & Poor’s Moody’s Fitch Ratings Signification / Interprétation
Investment Grade (Qualité d’investissement) AAA Aaa AAA Qualité de crédit maximale, risque quasi nul.
AA+ Aa1 AA+ Très haute qualité, risque très faible.
AA Aa2 AA Haute qualité, capacité très solide à honorer la dette.
AA− Aa3 AA− Très bonne qualité, légère sensibilité aux conditions économiques.
A+ A1 A+ Bonne qualité, plus sensible aux évolutions économiques.
A A2 A Solvabilité satisfaisante, mais sujette à des conditions défavorables.
A− A3 A− Qualité correcte mais exposition accrue aux cycles économiques.
BBB+ Baa1 BBB+ Dernière marche du “haut de gamme”, risque modéré.
BBB Baa2 BBB Qualité moyenne, mais la capacité de remboursement reste adéquate.
BBB− Baa3 BBB− Limite entre “investment grade” et “spéculatif”. Risque accru en période de stress.
Speculative Grade (Haut rendement / Risqué) BB+ Ba1 BB+ Déjà spéculatif, vulnérable en cas de conditions défavorables.
BB Ba2 BB Risque significatif, mais encore capacité de remboursement.
BB− Ba3 BB− Qualité médiocre, sensibilité élevée aux aléas économiques.
B+ B1 B+ Très vulnérable, dépendante d’un contexte favorable.
B B2 B Faible capacité à honorer les engagements à long terme.
B− B3 B− Forte probabilité de défaut à moyen terme.
CCC+ Caa1 CCC+ Très forte vulnérabilité au risque de défaut.
CCC Caa2 CCC Risque de défaut imminent.
CCC− Caa3 CCC− Risque extrême, situation quasi insoutenable.
CC Ca CC Probabilité de défaut très élevée.
C C C Pratiquement en défaut, mais un remboursement partiel reste possible.
D D Défaut de paiement effectif.

 

Pourquoi les notations des agences sont importantes ?

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Si la notation n’a pas pour but d’impacter les marchés boursiers, dans la réalité, une dégradation d’une note est presque systématiquement suivie d’une baisse du cours du titre visé. Les investisseurs sont très attentifs aux notations (baisse ou augmentation de la note, émetteur sous surveillance) et modifient leur attitude de placement en fonction de ces ratings.

L’importance des agences de notation pour les entreprises

Pour les entreprises, et plus encore pour les sociétés cotées en Bourse, la note attribuée par une agence de notation est très importante. Elle influence directement la confiance des investisseurs et la capacité de l’entreprise à se financer. Une bonne notation réduit le coût de l’emprunt obligataire, car elle rassure les marchés sur la solidité financière de l’émetteur. À l’inverse, une dégradation peut entraîner une hausse des taux d’intérêt exigés par les investisseurs, voire une baisse du cours de l’action, signe d’une confiance ébranlée.

Pour les grandes entreprises qui se financent régulièrement sur les marchés, la notation devient donc un véritable indicateur de crédibilité. Elle ne reflète pas seulement la santé financière immédiate, mais aussi la qualité de la gestion et la stratégie à long terme. En bref, une bonne note ouvre des portes, alors qu’une mauvaise, les referme.

L’importance des agences de notation pour les États

Pour les États, la notation financière est peut-être même encore plus importante. Elle détermine en grande partie la facilité avec laquelle un pays peut emprunter sur les marchés pour financer sa dette publique et son budget. Une note élevée inspire confiance aux investisseurs et permet à l’État d’emprunter à des taux d’intérêt plus faibles, réduisant ainsi le coût de sa dette.

À l’inverse, une dégradation peut rapidement faire grimper les taux, alourdir les charges d’intérêts et fragiliser les finances publiques. Si la notation est essentielle pour les entreprises, elle est cruciale pour les pays, dont la stabilité économique et la crédibilité internationale dépendent largement de cette appréciation. En conclusion, une bonne note, c’est un accès plus simple et moins coûteux aux emprunts publiques, alors qu’une mauvaise, c’est le risque d’un cercle vicieux d’endettement difficile à briser.

Quelles sont les limites des agences de notation ?

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Les agences de notation sont soumises à des conflits d’intérêt qui amoindrissent leur fiabilité et que nous vous détaillons ici.

  • les émetteurs payent les agences de notations pour être notées : les agences de notation sont donc dépendantes de leurs émetteurs. La rémunération fournie par les émetteurs leur est indispensable et leur permet de publier chacune des centaines de milliers de notes.
  • mélange des activités de conseil et de notation : l’agence n’intervient pas seulement comme évaluateur d’une entreprise déjà existante, elle conseille également les opérations en cours de montage. Elle fait partie du processus qui constitue le produit.

Les agences de notation peinent à évaluer correctement certaines opérations financières de plus en plus complexes qui entravent la fiabilité des notations. Rappelez-vous Vivendi Universal, qui faisait faillite deux semaines après avoir été estampillé AAA.

Au cœur de la bulle internet, 90 % des notes attribuées étaient positives et incitaient à l’achat, au mépris de l’endettement considérable des sociétés de l’ère informatique (Worldcom : 29,3 milliards de dollars, Global Crossing : 12,4 milliards). Ce n’est qu’en juin 2002, alors que les indices boursiers avaient déjà perdu 40 % en deux ans, au niveau mondial, que les agences ont commencé à baisser leurs notes des entreprises cotées sur les bourses du monde.

Les agences de notation n’ont anticipé aucune des crises importantes malgré les dettes considérables impliquées. Pendant la crise mexicaine, qui débutait fin 1994, Standard & Poor’s n’a abaissé leur rating qu’en février de l’année suivante, tandis que Moody’s ne changeait pas son appréciation. Elles n’ont pas non plus vu arriver la crise asiatique de 1997. Au contraire, par leurs décisions tardives ou brutales, elles ont parfois accentué les difficultés (Brésil en 1999 ; Argentine en 2001).

La crise grecque a aussi mis en lumière les limites des agences de notation. Alors que la crise grecque a longtemps été minimisée par les agences de notation, la dégradation de la note de la Grèce par Standard & Poor’s a provoqué une envolée des taux d’intérêt, rendant le pays incapable d’emprunter sur les marchés. Il a alors fallu l’intervention conjointe de l’Union européenne et du FMI pour éviter la faillite. Cet épisode a montré qu’un retard de réaction ou une erreur d’évaluation peut aggraver une crise plutôt que la prévenir, posant la question du rôle, du contrôle et de la responsabilité de ces agences dans la stabilité financière mondiale.

La crise des subprimes de 2008 a aussi révélé les failles des agences de notation. Elles avaient attribué des notes élevées à des produits financiers risqués liés aux crédits immobiliers américains. Lorsque ces emprunts ont fait défaut, les marchés se sont effondrés, entraînant une crise mondiale. Les agences ont alors été critiquées pour avoir mal évalué les risques et favorisé leurs clients bancaires, soulignant la nécessité d’une régulation plus stricte et d’une transparence accrue.

En conclusion, s’il existe effectivement un risque de conflit d’intérêts, comme on a pu le voir, il reste aujourd’hui limité par une régulation plus stricte. Les agences sont en effet étroitement surveillées par des autorités comme l’ESMA en Europe ou la SEC aux États-Unis, ce qui garantit un certain niveau de transparence et d’indépendance.

La véritable problématique est ailleurs : dans la mauvaise interprétation de leur rôle. Les agences de notation n’ont pas pour mission de prédire l’avenir. Elles réalisent avant tout une photographie de la situation financière actuelle, fondée sur des données passées et parfois déclaratives. Leur note reflète donc un état présent, pas une promesse de stabilité future. Croire qu’une bonne notation protège d’une crise à venir serait une erreur, car elle indique seulement la solidité du moment, pas celle de demain.

Quel est l’impact des agences de notation sur la France ?

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La situation de la France en matière de dette souveraine est aujourd’hui sous haute surveillance, et les notes des agences de notation ont été dégradées ou placées sous perspective négative, ce qui soulève de sérieuses interrogations sur la trajectoire budgétaire française. Par exemple, l’agence Fitch Ratings a abaissé la note française en septembre 2025, pointant une « voie incertaine de stabilisation de la dette ».

Ces dégradations interviennent alors que la France affiche un déficit public autour de 5,4 % du PIB et que l’endettement qui dépasse déjà les 110 % du PIB continue de croître.

Dans un tel contexte, les échéances à venir sont cruciales, car les prochains examens de notation par les principales agences sont à suivre de près (notamment ceux de Standard & Poor’s et Moody’s prévus d’ici fin 2025) car une nouvelle dégradation pourrait influencer fortement les coûts d’emprunt sur les marchés obligataires.

De plus, les émissions régulières de titres d’État par Agence France Trésor (BTF, OAT) continueront de refléter l’appréciation des investisseurs à l’égard de la solvabilité française.

Avec un contexte politique instable, dépendant d’un gouvernement fragile et de réformes budgétaires retardées, le défi pour la France est double : à la fois respecter ses engagements budgétaires et restaurer la confiance des marchés.

Le 26 novembre 2025 marquera une étape importante pour la France avec le dépôt de son plan budgétaire auprès de la Commission européenne, une obligation pour tous les États membres de la zone euro dans le cadre du Pacte de stabilité et de croissance. Ce document permettra à Bruxelles d’évaluer la trajectoire des finances publiques françaises et le respect des engagements budgétaires.

Par ailleurs, l’Agence France Trésor prévoit de publier en décembre 2025 son programme de financement à moyen et long terme pour 2026, qui précisera les besoins d’emprunt de l’État et la stratégie d’émission des obligations souveraines pour l’année à venir.

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