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Les dessous du métier de Stratégiste avec Alexandre Hezez du groupe Richelieu

Les dessous du métier de Stratégiste avec Alexandre Hezez du groupe Richelieu

Découvrez le parcours, l’expérience et le métier de stratégiste au sein d’une société de gestion. Café de la Bourse vous invite à plonger dans l’univers de la finance de marché en interrogeant les hommes et les femmes qui y travaillent au quotidien.

Ce mois-ci, Alexandre Hezez, stratégiste du Groupe Richelieu, revient pour nous sur son activité, ce qui l’a poussé à faire ce métier, le fait le plus marquant de sa carrière, son indicateur préféré et son sentiment de marché actuel.

Alexandre Hezez, quelle fonction occupez-vous ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce métier ?

Je suis actuellement stratégiste pour le Groupe Richelieu et directeur de la gestion d’actifs chez Richelieu Gestion. Je gère et cogère des OPCVM actions, je suis spécialisé dans l’allocation d’actifs et je supervise les stratégies d’investissement. Généralement, les stratégistes restent en dehors des marchés financiers et sont sur l’analyse et la rhétorique. J’ai fait le choix de focaliser mes réflexions en me confrontant directement aux marchés, qui est le cœur même de mon métier et des attentes des clients.

Actuaire de formation, j’ai toujours été animé par la gestion des risques mais surtout la capacité de décloisonnement des connaissances que confère cette formation (qui comporte des mathématiques, du droit, des sciences financières…). Ce métier permet d’allier ces aspects et de maintenir un niveau d’exigence permanent. L’exemple des crypto actifs est flagrant. Il faut toujours être dans la découverte, l’apprentissage et la recherche d’applications qui impliquent d’autres domaines et ne jamais se satisfaire de la routine et du confort. Sans évidemment parler des différentes crises qui obligent à des remises en cause permanentes et forcent l’humilité.

Quel est l’événement que vous considérez comme le plus marquant de votre carrière ?

En plus de 25 ans de carrière, il y a évidemment plusieurs faits marquants heureux ou malheureux. J’ai assisté au défaut de la Russie en 1998 et à la bulle internet qui m’ont appris que les marchés sont avant tout des sommes de passion humaine qui s’affrontent sur des espérances futures. La crise souveraine de 2011 a certainement été une surprise où le politique pouvait à certains moments jouer à l’apprenti sorcier.

À court terme tout est possible. 2003 a été en tant que gérant actions une année fondatrice et très marquante. J’ai vécu ma première OPA avec une société allemande WEDECO (je m’en souviens encore…) rachetée par ITT industry, et la même année j’étais investi dans une société américaine qui conseillait l’armée américaine, CACI. Des collaborateurs furent impliqués dans les scandales de la prison d’Abougrib en Irak. La surprise fut terrible et j’ai pris dès lors conscience de la portée de nos investissements et de l’importance d’une analyse au-delà des faits financiers.

Il est toujours jubilatoire de mettre en place un raisonnement qui se réalise sur les marchés ou au niveau économique et surtout d’expliciter clairement sa pensée auprès des clients. En 2008, Nous avions cherché des solutions idoines à la crise, en relisant des papiers académiques de Ben Bernanke. Nous avions fait l’analyse d’un papier de 2002 « Deflation – making sure « it » doesn’t happen here » et l’avions traduit, explicité pour expliquer ce que la FED allait mettre en place durant toutes ces années alors que c’était quasiment impensable à l’époque.

Pour conclure, j’ai la conviction que l’une des missions que nous avons est d’éviter le plus possible la surprise. Il est donc important d’avoir en tête tous les scénarios pour au minimum agir avec discernement.

Quel est votre indicateur préféré et pourquoi ?

Les indicateurs évoluent en fonction des situations économiques et financières. Lorsque le marché monte, je me focalise sur des indicateurs négatifs et inversement. J’ai la conviction qu’il faut toujours suivre des indicateurs susceptibles d’inverser son sentiment de marché. Rien ne sert de se focaliser sur les indicateurs qui vous donnent raison ! Je suis un adepte du concept du dixième homme (en référence au film World War Z de 2013) : « Si neuf d’entre nous ont la même information et en tirent exactement la même conclusion, il est du devoir du dixième homme de les contredire. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le dixième homme doit creuser la question en partant du principe que les neuf autres se trompent… ».

Si je devais garder un indicateur, ce serait le taux réel américain 10 ans (taux d’emprunt de la dette américaine corrigé des anticipations d’inflation) qui reflète à lui seul les enjeux sur l’inflation et la croissance potentielle conditionnée à la politique monétaire de la FED.

Quel est votre sentiment de marché actuel ?



Les pressions salariales à la hausse, les loyers, la rareté du pétrole et du gaz, un changement significatif de la mondialisation, la transition écologique ne sont que quelques-unes des raisons pour lesquelles nous pensons que l’inflation est plus susceptible d’être structurelle que transitoire. Mais cela ne veut pas dire que l’inflation n’a pas atteint un sommet. En ce qui concerne l’impact sur l’économie, historiquement, la fenêtre est étroite. Pour l’instant nous accordons au Président J. Powell le bénéfice du doute en pensant que la FED peut provoquer un ralentissement de l’activité économique qui fera baisser l’inflation sans provoquer de récession. Certes le marché va rester très volatil en s’inquiétant de la publication de chiffres économiques de mauvais augure mais d’une certaine manière c’est exactement la volonté de la FED dans sa détermination à lutter contre l’inflation. Nous pourrions résumer la méthode Powel ainsi : « freiner la demande pour contenir les anticipations d’inflation sans provoquer de récession ».

Nous allons accompagner un marché qui va rester volatil au gré des doutes sur la capacité de l’économie à maintenir une croissance modérée. Cependant, nous avons à court terme une conviction plus positive sur les actions. Deux conditions sont nécessaires à notre scénario : reflux de l’inflation aux US et début de déconfinement en Chine. Ces deux items sont en partie liés. Même si les autorités chinoises maintiennent leur politique « zéro-covid », l’impact économique négatif récent devrait les forcer à adapter le processus anti-pandémie futur. La perspective d’un rebond de l’économie chinoise est propice à la fluidification des chaînes d’approvisionnement mondiales et, par voie de conséquence, à des pressions inflationnistes à moyen terme (prix des produits manufacturiers).

Source des images : Freepik 

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