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Les dessous du métier de Responsable de la gestion obligataire dans une société de gestion

Les dessous du métier de Responsable de la gestion obligataire dans une société de gestion

Découvrez le parcours, l’expérience et le métier d’un Responsable de la gestion obligataire. Café de la Bourse vous invite à plonger dans l’univers de la finance de marché en interrogeant les hommes et les femmes qui y travaillent au quotidien.

Ce mois-ci, Hassan Arabi, Responsable de la gestion obligataire chez Apicil AM, revient pour nous sur son activité, ce qui l’a poussé à faire ce métier, le fait le plus marquant de sa carrière et son sentiment de marché actuel. Un décryptage utile pour investir en Bourse.

Hassan Arabi, quelle fonction occupez-vous ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce métier ?

Je suis responsable de la gestion obligataire chez Apicil Asset Management, un rôle où je combine une vision stratégique et une exigence de protection du capital. Ma mission se résume à créer de la performance durable sans jamais compromettre la maîtrise du risque. Pour atteindre cet équilibre, nous nous appuyons sur des fonds de portage, des stratégies de performance absolue et, surtout, sur un principe central : la qualité de crédit. Ce fil conducteur irrigue chacune de nos décisions et nous permet de bâtir des portefeuilles performants et résilients.

Mon goût pour la finance ne date pas d’hier. Dès l’enfance, j’étais fasciné par les chiffres, les graphiques, mais surtout par l’idée qu’un “jeu” pouvait refléter le monde réel. À 11 ans, j’avais déjà un portefeuille virtuel sur Boursorama – sans Internet chez moi ! Je notais mes “transactions”, j’observais les tendances, j’essayais d’anticiper les mouvements. Même jeune, je percevais que les marchés étaient plus qu’un jeu : c’était un modèle de compréhension de l’économie, des cycles, des entreprises, et des décisions qui façonnent l’avenir.

La gestion obligataire est finalement devenue une évidence. C’est un domaine où la rigueur mathématique se mêle profondément aux sciences sociales : on ne traite pas uniquement des courbes et des modèles, on analyse des bilans d’entreprises, des décisions de banques centrales, des comportements d’investisseurs. Cette combinaison — entre calculs pointus et lecture du monde réel — m’a toujours attiré. Pour moi, être gestionnaire obligataire, ce n’est pas simplement sélectionner des titres : c’est raconter une histoire cohérente, anticiper des ruptures et protéger des portefeuilles au fil des cycles.

Quel est l’événement que vous considérez comme le plus marquant de votre carrière ?

Pour moi, l’événement le plus marquant reste, sans hésitation, le passage de la BCE aux taux négatifs en juin 2014. Pour un jeune gérant monétaire, ce fut un véritable séisme intellectuel. À ce moment-là, tout ce que nous avions appris lors de nos études théoriques semblait remis en question. Les repères que nous considérions comme acquis — les règles de calcul du rendement, les relations entre les taux et le risque, les dynamiques du marché monétaire — ont soudainement été redéfinis. Chaque point de base de performance était arraché avec acharnement sur le marché, et l’onde de choc s’est propagée avec encore plus d’intensité sur le marché obligataire.

Ce fut un baptême du feu. Il ne s’agissait pas seulement de réagir, mais de réapprendre : identifier où se créait réellement la valeur, comprendre où s’accumulait le risque, accepter que certaines “vérités académiques” ne tenaient plus. Cette période m’a appris deux choses essentielles : la nécessité de toujours questionner les modèles, et l’importance de la discipline. Dans un environnement où chaque point de base compte, la précision, la patience et la méthode deviennent des compétences cardinales.

En somme, le passage aux taux négatifs n’a pas seulement été un choc technique : ce fut un révélateur. Un moment où l’on comprend réellement ce que signifie gérer le risque dans le monde réel. Et pour moi, ce fut un moment fondateur dans ma carrière.

Quel est votre indicateur préféré et pourquoi ?

Parmi l’ensemble des indicateurs que j’utilise, l’EWMA* (Exponentially Weighted Moving Average – Moyenne Mobile Pondérée Exponentiellement) occupe une place particulière. Sa force réside dans sa capacité à refléter la volatilité récente tout en conservant une mémoire historique — ce que n’offre pas une moyenne mobile classique. Il donne un poids plus fort aux données récentes, mais ne néglige pas complétement l’historique : c’est un indicateur “vivant”.

Dans l’obligataire, où les tensions peuvent surgir en quelques heures sur les spreads, les courbes ou les annonces macro-économiques, l’EWMA m’aide à détecter les ruptures de tendance de manière précoce. Il me permet d’ajuster nos expositions avec réactivité : si le marché se crispe, je peux voir l’alarme plus vite ; si la tension retombe, je peux en tirer parti sans attendre que les indicateurs traditionnels “se réveillent”.

C’est un outil pragmatique et efficace pour piloter le risque : il ne se contente pas d’être “juste”, il est utile au quotidien. Pour un gestionnaire, l’EWMA, c’est un peu comme un baromètre : pas le plus beau, mais certainement l’un des plus fiables quand les conditions se tendent.

Quel est votre sentiment de marché actuel ?

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Aujourd’hui, je vois un marché qui avance avec prudence. La croissance existe, mais elle reste modérée ; l’inflation reflue, mais de manière irrégulière. Les banques centrales alternent entre vigilance et soutien. Nous sommes dans une phase de transition, riche en opportunités mais traversée par des risques latents.

Face à ce contexte, chez Apicil AM, nous adoptons une posture défensive mais opportuniste. Il ne s’agit pas de chercher une exposition maximale, mais de gérer la volatilité, protéger le capital et saisir les fenêtres de tir lorsqu’elles se présentent.

Notre approche repose sur trois piliers :

  1. Renforcer la qualité du crédit : privilégier les émetteurs robustes, capables de traverser des environnements exigeants.
  1. Maintenir une flexibilité tactique : lorsque la volatilité monte, nous ajustons rapidement nos positions.
  2. Placer la protection au premier plan : l’objectif n’est pas de courir après le beta, mais de construire la performance avec le bon timing, et non au prix d’un risque excessif.

J’observe avec attention les signaux macro et marché : révisions de croissance, mouvements de courbe, dynamique des spreads, publications économiques. Chaque donnée peut conduire à un ajustement — mais nous ne réagissons jamais de manière automatique. Nous construisons des convictions.

Au final, je suis prudemment optimiste. Le potentiel de rendement est réel, mais il se mérite. La volatilité n’est pas un obstacle : c’est une source d’opportunité, à condition de la gérer avec discipline. Dans ce cycle, le rôle d’un responsable de la gestion obligataire est clair : protéger, anticiper, ajuster — tout en gardant un cap solide à long terme.

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* L’EWMA est une mesure quantitative ou statistique utilisée pour modéliser ou décrire une série chronologique.

Source des images : Freepik

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