Découvrez le parcours, l’expérience et le métier d’un gérant chez La Financière de l’Échiquier. Café de la Bourse vous invite à plonger dans l’univers de la finance de marché en interrogeant les hommes et les femmes qui y travaillent au quotidien.
Ce mois-ci, Paul Merle, gérant à La Financière de l’Échiquier, revient pour nous sur son activité, ce qui l’a poussé à faire ce métier, le fait le plus marquant de sa carrière et son sentiment de marché actuel.
Paul Merle, quelle fonction occupez-vous chez La Financière de l’Échiquier ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce métier ?
Je suis Gérant Actions européennes ISR et de fonds à impact à La Financière de l’Echiquier (LFDE), une des principales sociétés de gestion de conviction de France. Attiré depuis toujours par les chiffres, un terrain rationnel, je me suis naturellement tourné après un cursus scientifique vers la finance. Une fois diplômé d’un master de La Sorbonne dans cette discipline, j’ai eu la chance d’emprunter un chemin quasi désert à l’époque, une terra incognita, celle de la finance responsable. Après plus de 20 années dans cet univers, je reste aujourd’hui passionné, et convaincu que la finance responsable est une nécessité.
C’est en 2010 que je me suis orienté vers l’Investissement Socialement Responsable (ISR) pour redonner du sens à l’investissement et concilier performance financière et performance extra-financière. La création de valeur durable se nourrit selon moi d’équilibre et d’une gestion qui se préoccupe du monde de demain. J’ai ainsi eu très tôt la chance de devenir responsable de l’analyse ISR d’un asset manager français. En parallèle de l’analyse financière à laquelle j’étais rôdé, j’ai développé une expertise sur les sujets Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG), qui remettent en perspective les résultats financiers de court terme des entreprises et constituent de formidables accélérateurs de la transformation des entreprises. L’analyse ESG enrichit considérablement l’analyse financière. C’est aussi un formidable laboratoire d’évaluation et de dialogue avec les entreprises. Cette double analyse est encore plus pertinente aujourd’hui. L’investisseur responsable, parce qu’il raisonne à 360 degrés sur l’écosystème qui entoure l’entreprise, bénéficie d’une vue holistique riche, extrêmement utile aujourd’hui.
De l’analyse ISR je suis passé à la gestion de fonds ISR et de fonds à impact. Gérant Actions Thématiques Durables chez LBP AM pendant 4 ans, j’ai ensuite rejoint LFDE en 2020, et finalement retrouvé LBP AM, qui a acquis LFDE en juillet 2023. L’ambition du nouvel ensemble que nous constituons, avec Tocqueville Finance également, est de créer un champion européen de la finance durable, ce qui ne peut que m’enthousiasmer. Je reste en phase avec mes aspirations.
J’ai rejoint LFDE, pionnier de l’investissement à impact coté en France, au moment de la conception d’un fonds dédié au climat et à la biodiversité, Echiquier Climate & Biodiversity Impact Europe. Le positionnement de ce fonds à impact précurseur est à la fois singulier et pragmatique, puisqu’il cherche à embarquer tous les secteurs sur le chemin de la transition, y compris ceux délaissés par la plupart des fonds traditionnels sur ces thématiques. Nous sommes convaincus que les grands défis auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés pourront être relevés grâce à la prodigieuse capacité d’innovation des entreprises, dans tous les secteurs de l’économie. Sursauts, le dernier podcast de LFDE, en livre un aperçu, en mettant en lumière des initiatives développées par des entreprises engagées en faveur de la biodiversité, comme le groupe de luxe Kering ou le leader mondial des emballages alimentaires, le groupe suisse SIG.
Quel est l’événement que vous considérez comme le plus marquant de votre carrière ?
Je citerai la crise de 2008, qui a marqué des générations de gérants et d’analystes financiers, et dont l’impact a été majeur et prolongé. La crise des subprimes, qui a causé la faillite, impensable, d’un géant de Wall Street, Lehman Brothers, symbolise à mes yeux la déconnexion qui peut exister entre le monde réel et l’industrie de la finance. Et l’ISR permet précisément de recréer, selon moi, ce lien. Il constitue un rempart à ce type de dérives, en permettant d’identifier les bons business models, de mieux détecter et gérer les risques. Je ne sais pas si la finance sauvera le monde, mais en drainant les flux de capitaux pour les faire converger vers les acteurs de l’économie les plus responsables, la finance à impact a le pouvoir de construire un monde plus résilient, plus durable. Vous voyez, il reste des idéalistes pragmatiques en finance….
Un autre événement a également marqué le gérant ISR que je suis. C’est le Diesel Gate de 2012. C’était la première fois que l’impact de mauvaises pratiques a été aussi puissant sur la santé financière d’un grand groupe. En accordant une importance particulière à l’analyse de la gouvernance d’une entreprise, ces dérives peuvent être détectées et les controverses évitées ou mieux gérées. La qualité de la gouvernance, la notoriété d’une entreprise sont clés à nos yeux. Les chiffres le démontrent. En France, la seule réputation contribuerait à 38 % de la capitalisation boursière du CAC 401. Mais pas seulement. Pour le Reputation Institute, sur les 7 critères qui déterminent la réputation d’une entreprise, 4 relèvent du champ de l’analyse ESG, parmi lesquels la qualité du management et la gouvernance. Le Diesel Gate est emblématique des grandes controverses ESG de ces dernières années, qui toutes trouvent leur source dans la gouvernance.
Quel est votre indicateur préféré et pourquoi ?
Mon indicateur préféré est le ROCE2, qui mesure la rentabilité des capitaux investis et constitue pour moi un vrai indicateur de la qualité d’une entreprise. La qualité est à nos yeux le véritable facteur gagnant sur la durée. Cet indicateur est le marqueur de la résilience d’une entreprise, de sa capacité à générer de la valeur, que ce soit dans les phases de hausse et de baisse des marchés ou lors des périodes d’incertitudes, comme celle que nous traversons actuellement. Le ROCE est l’un des indicateurs privilégiés pour la sélection des valeurs de notre fonds Large caps européennes Echiquier Major SRI Growth Europe.
Quel est votre sentiment de marché actuel ?
L’économie mondiale devrait ralentir et l’inflation poursuivre sa décrue. Les taux d’intérêt vont ainsi commencer à baisser, tout en restant plus élevés qu’avant la crise du Covid. Ce contexte devrait être favorable aux entreprises de croissance et de qualité, leader sur leur secteur, à l’endettement faible et au ROCE élevé.
La transition écologique et la souveraineté énergétique resteront au cœur des actions publiques et privées. Si les titres verts ont souffert de la hausse des taux d’intérêt, ce momentum leur sera aussi plus favorable. Évidemment, la sélectivité reste de mise, car ce contexte rend nécessaire l’analyse des acteurs en fonction de leur capacité à générer des profits sur le long terme.
1What Price Reputation? 2019, Havas
2Return On Capital Employed
Disclaimer :
Les opinions citées dans ce document correspondent à celles du gérant. Elles ne sauraient en aucun cas engager la responsabilité de La Financière de l’Echiquier.
Echiquier Climate & Biodiversity Impact Europe présente un risque de perte en capital, risque action, risque lié à l’investissement dans des actions de petites et moyennes capitalisations, risque de change, risque de gestion discrétionnaire.
Echiquier Positive Impact Europe présente principalement un risque de perte en capital, risque action, risque lié à l’investissement dans des petites et moyennes capitalisations, et un risque de gestion discrétionnaire.
Echiquier Major SRI Growth Europe est principalement exposé aux risques de perte en capital, risques action, risques liés à l’investissement dans des petites et moyennes capitalisations, et risques de gestion discrétionnaire.
Pour plus d’informations sur les caractéristiques, les risques et les frais de ces fonds, et avant tout investissement, nous vous invitons à lire les documents réglementaires disponibles sur notre site lfde.com.
Les valeurs et les secteurs sont cités à titre d’exemple. Ni leur présence en portefeuille, ni leur performance ne sont garanties. L’attention de l’investisseur est attirée sur le fait que son investissement dans ces fonds ne génère pas d’impact direct sur l’environnement et la société mais qu’ils cherche à investir dans les entreprises qui répondent à des critères précis définis dans la stratégie de gestion. La décision d’investir dans les fonds promus ne doit pas reposer uniquement sur leur approche extra-financière mais doit également tenir compte de toutes les autres caractéristiques des fonds, notamment leurs risques, telles que décrites dans leur prospectus.
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