
Les groupes de biotechnologie ont bonne réputation en France. Certaines de ces sociétés innovantes du secteur médical ont connu une progression remarquable ces 20 dernières années en particulier grâce aux compétences des chercheurs ainsi que par l’intermédiaire d’une politique incitative à l’innovation. Café de la Bourse analyse les raisons de cet engouement et aborde les différents aspects à maîtriser pour investir avec succès dans le secteur des biotechs.
Le grand public entend souvent par le terme biotechnologies, l’ensemble des startups liées à la recherche médicale et pharmaceutique. Ce n’est pas tout, les « biotechs » concernent également d’autres secteurs tels que ceux des biocarburants, de l’agriculture ou encore de l’industrie, pour en citer les principaux exemples.
Découvrez l’ensemble des biotechs françaises classées par capitalisations boursières, les risques liés à ces types d’investissements, ainsi que notre sélection de biotechs bénéficiant d’une trésorerie solide combinée à un pipeline de projets diversifiés.
Qu’est-ce qu’une biotech ?
Le terme « biotechnologie ou biotech » désigne l’ensemble des recherches scientifiques, des applications et des technologies liées au vivant, d’où le terme « bio ».
Développement de nouveaux traitements pharmaceutiques, recherches génétiques ou génomiques, oncologie, modélisations, physique et chimie du vivant n’en sont que quelques exemples.
La médecine régénératrice à base de cellules souches en est encore à un stade précoce, mais possède d’ores et déjà des applications intéressantes.
L’alliance de la technologie à l’homme fait également partie du secteur des biotechnologies, lentilles pour diabétiques, implants neuronaux auto-adaptatifs permettant de réduire sensiblement les effets de la maladie de Parkinson, puces numériques sous cutanées (des milliers de suédois l’utilisent quotidiennement), etc. Sans oublier les avancées de la bio robotique, un professeur japonais peut à ce jour effectuer une opération chirurgicale du cerveau ultra complexe à distance sur un patient américain !
Les prothèses biocompatibles ont également fait un pas de géant ces dernières années, comme en témoignent par exemple les réparations de valves cardiaques réalisées par cathéters, tandis qu’il fallait encore les réaliser à cœur ouvert il y a quelques années.
Pour les personnes amputées, les premières prothèses bioniques font déjà leurs apparitions.
Outre le secteur médical, de nombreux autres domaines ont leur place dans le vaste monde des biotechnologies. L’agriculture notamment, avec les OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) permettant d’optimiser les récoltes ; le monde marin avec l’étude des algues et leurs éventuelles applications sous forme de biocarburants ; ainsi que l’industrie avec les mutagenèses chimiques, les bioénergies ou encore biomasses.
Saviez vous que même dans le numérique, les biotechnologies du vivant ont leur place. Microsoft effectue actuellement des recherches sur les futurs processeurs à base d’ADN par des outils issus de la biologie moléculaire. Leur puissance pourrait être inégalée.
Les biotechnologies sont classées par catégories. Les rouges concernent le médical, les vertes le végétal, les bleues font relation aux biotechnologies marines, tandis que les blanches sont liées à l’industrie.
Les biotechs : un marché à la croissance fulgurante
Depuis la crise de 2008, le secteur des biotechs a pris un poids considérable avec la montée des cours et une vague d’introductions en Bourse d’une grande ampleur. Nous sommes passés de 10 biotechs cotées à Paris, à 38 aujourd’hui. Ces investissements ont pour certains rapporté beaucoup d’argent avec des cours parfois multipliés par 20 ou davantage, comme ce fut le cas de Sartorius Stedim Biotech, dont le cours de Bourse a été multiplié par 28 depuis février 2010, ou encore Eurofins Scientific (x 24 sur 10 ans).
La vitalité du secteur tient à plusieurs facteurs : innovations, progrès médicaux et scientifiques, biotechnologies industrielles, etc. On assiste à de grandes innovations dans les domaines de la cancérologie, de l’immunologie, des prothèses. De plus, les géants de l’industrie pharmaceutique (Pfizer, Sanofi, etc.) ont besoin des innovations des biotechs car ils n’arrivent plus à renouveler seuls, leurs portefeuilles de projets et produits.
De plus, depuis une vingtaine d’années, la France incite les chercheurs à créer des startups par le biais de nombreux dispositifs avantageux : la réforme du statut du chercheur, les fonds d’amorçage, le crédit impôt-recherche et les investissements de la BPI.
Le dynamisme de ce secteur a donc encore de beaux jours devant lui.
Les biotechs : un secteur populaire difficile à comprendre
Le secteur des biotechs est très populaire auprès des actionnaires individuels, bien qu’il soit assez technique, avec des innovations très compliquées à comprendre. En effet, la part de souscriptions venues d’investisseurs particuliers individuels, est particulièrement importante, bien plus que dans d’autres secteurs. Pour investir dans le secteur, il suffit de posséder un PEA, voire un compte titres. Ce sont des « boursicoteurs », plutôt actifs, séduits par le potentiel de gain que représente le secteur.
Pour investir dans les biotechs, on peut souscrire à ces sociétés au moment de l’introduction en Bourse ou sur le marché secondaire, mais il existe aussi des fonds spécialisés dans ce secteur comme les fonds Axa Framlingtion Biotech Fund, Gestys Santé Biotech ou encore Credit Suisse (Lux) Global Biotech Innovators Equity Fund Class B USD Acc.
Si le programme de développement est très long, l’investisseur n’a pas besoin d’attendre 15 ans et/ou que le médicament soit commercialisé pour profiter d’une création de valeur.
Il existe en effet des leviers de création de valeur à chaque étape du développement d’un projet : par exemple, une signature d’accord de licence avec un grand groupe.
Ces sociétés de biotechnologie peuvent aussi se faire racheter. En effet, investir dans une PME a un intérêt spéculatif bien réel.
C’est effectivement un marché avec beaucoup de bonnes surprises. Lorsque des projets de médicaments ont été sous-estimés, il est possible de voir un cours faire +50 % ou +100%.
Classement des groupes de biotechnologie français selon leurs capitalisations boursières
« L’écosystème » des sociétés de biotechnologies est riche en France. La bonne réputation des chercheurs de notre pays y joue son rôle, soutenue par un contexte favorable et incitatif à l’innovation.
Elles ne sont pourtant pas toutes cotées en Bourse. Certaines, moins connues, travaillent sur des projets prometteurs. On peut citer par exemple, la petite PME Française GREENSEA, fondée en 1988, développant des micros algues pour des applications de biomasses vivantes pour l’aquaculture, des actifs naturels marins pour la cosmétique et des compléments alimentaires, ainsi que des pigments fluorescents pour des applications de diagnostics médicaux.
Voici la liste des biotechs cotées sur la place boursière Euronext Paris classées par leurs capitalisations boursières décroissantes (au 26 février 2020, M = millions d’€) :
- Cellectis (643 M €)
- Genfit (564 M €)
- Innate Pharma (537 M €)
- Valneva (283 M €)
- Poxel (215 M €)
- Abivax (205 M €)
- Nanobiotix (167 M €)
- Transgene (114 M €)
- Inventiva (104 M €)
- Novacyt (103 M €)
- Erytech Pharma (98 M €)
- Gensight Biologics (90 M €)
- Eurobio Scientific (84 M €)
- Pharnext (76 M €)
- Oncodesign (75 M €)
- Adocia (71 M €)
- GeNeuro (68 M €)
- Ose immunotherapeutics (57 M €)
- Quantum Genomics (51 M €)
- Sensorion (50 M €)
- Lysogene (44 M €)
- Eurofins-Cerep (30 M €)
- GenKyoTex (27 M €)
- Valbiotis (25 M €)
- Predilife (24 M €)
- Hybrigenics (20 M €)
- Plant Advanced Technologies (19 M €)
- Alpha Mos (18 M €)
- Abionyx Pharma (18 M €)
- Genomic Vision (18 M €)
- Theradiag (14 M €)
- GenOway (10 M €)
- Theranexus (10 M €)
- Biophytis (10 M €)
- IntegraGen (9 M €)
- Neovacs (7 M €)
- Noxxon Pharma (7 M €)
Sur un total de 779 sociétés cotées sur la place boursière Euronext Paris, 38 concernent des sociétés de biotechnologies, soit presque 5 % de la cote.
Ce chiffre est relativement élevé en comparaison aux autres pays européens dont voici quelques exemples :
- Allemagne : 2,8 %
- Belgique : 3,5 %
- Royaume-Uni : 2,26 %
- Italie : 0,78 %
Néanmoins, les États-Unis et le Canada en dénombrent davantage : 6,61 % et 5,7 %. Étonnamment, pour une grande puissance économique assez axée sur les technologies, le Japon en compte assez peu : 0,69 %. Il en est de même pour la Chine avec 0,67 %.
Il existe également un indice créé le 7 avril 2008 comprenant l’ensemble des sociétés de biotechnologies cotées sur les marchés Euronext et Alternext (France, Pays-Bas, Belgique, Portugal, ainsi que certaines valeurs cotées au Royaume-Uni). Il s’agit de l’indice NEXT BIOTECH composé actuellement de 49 sociétés de biotechnologies.
Investir dans les actions biotech présente des risques
La création de valeur est proportionnelle au risque dans le secteur des biotechs. Il faut bien considérer qu’il existe un risque très élevé car ce sont des sociétés qui, pour la plupart, perdent de l’argent. Cela fait partie de leurs modèles économiques.
Ces startups se caractérisent par un fort « cash burn », et si la société échoue, les actionnaires subissent des pertes majeures car les fonds propres sont très faibles.
Il existe également un risque financier. Car les biotechs dépendent souvent des marchés des capitaux par l’intermédiaire des levées de fonds. Si leur enthousiasme est ralenti (comme cela peut être le cas lors des crises boursières), les financements des biotechs en pâtissent.
Biotech : nos conseils pour investir dans la biotechnologie
Comme toujours, pour investir en Bourse, la diversification est de mise. N’investissez qu’une part minoritaire de votre portefeuille car les biotechs sont très volatiles.
Réfléchissez à la perte que vous êtes prêt à encaisser et investissez de l’argent que vous êtes non seulement prêt à perdre mais aussi de l’argent dont vous n’avez pas besoin à court terme.
Ce sont des sociétés compliquées à comprendre pour lesquelles il est préférable de s’intéresser aux sujets, aux concurrents, aux grands groupes pharmaceutiques qui, en s’alliant ou en rachetant ces biotechs, peuvent contribuer aux futurs leviers de création de valeur.
Notre sélection de 3 biotechs en Bourse à la trésorerie solide
Notre critère principal afin de retenir des sociétés de biotechnologies solides est celui de leur position cash (trésorerie), critère indispensable pour « voir venir » et disposer de financements suffisants pour « ne pas être pris de court » et faire aboutir sereinement leurs pipelines de recherches thérapeutiques.
Le critère secondaire nous ayant paru important est la sélection de projets qui ont un impact conséquent en termes de pathologies (grand nombre de patients). Nous avons donc évité les sociétés biotechnologiques qui ont des projets axés sur les pathologies rares.
Cellectis : biotech spécialisée dans la recherche génétique
Position cash : 342 millions d’€ (dernier rapport trimestriel publié au 30 septembre 2019).
Typologie des projets : insertion génétique, correction génétique et inactivation génétique.
Médicament candidat en phase II : UCART19.
Médicaments candidats en phase I : UCART123, UCART22, UCARTCS1, ALLO-501 et ALLO-715.
Cellectis effectue la majeure partie de ses recherches en oncologie (cancérologie) par l’intermédiaire d’approches immuno-thérapeutiques et génétiques.
Graphique 1 an de l’action Cellectis
Source : Tradingview
Genfit : société de biotechnologie traitant des maladies métaboliques et hépatiques
Position cash : 303 millions d’€ (dernier rapport trimestriel publié au 30 septembre 2019).
Typologie des projets : maladies hépatiques et du foie.
Médicament en essai clinique phase III : Elafibranor dans la NASH
Médicaments candidats en phase II : Elafibranor dans la PBC, Nitazoxanide dans la fibrose.
Programme en phase préclinique : TGFTX1 dans le traitement du psoriasis et de certaines affections respiratoires inflammatoires.
Genfit effectue la majeure partie de ses recherches au regard des maladies métaboliques et hépatiques.
Graphique 1 an de l’action Genfit
Source : Tradingview
Innate Pharma : biotech spécialisée dans l’immuno-oncologie
Position cash : 215 millions d’€ (dernier rapport trimestriel publié au 30 septembre 2019).
Typologie des projets : oncologie (cancérologie).
Médicaments commercialisé : Lumoxiti en traitement de la leucémie tricholeucocytes.
Médicaments candidats en phase II : Lacutamab IPH4102 et KIR3DL2 dans les traitements des syndromes de Sézary et de la Mycose fongoïde.
Médicaments candidats en phase préclinique : IPH61, IPH43 et NKP46 dans les traitements des cancers.
Innate Pharma effectue la majeure partie de ses recherches en oncologie (cancérologie) par le développement de thérapies médicamenteuses.
Graphique 1 an de l’action Innate Pharma
Source : Tradingview
Quelques questions sur l’investissement Biotech en Bourse ?
Qu’est-ce qu’une Biotech ?
Une biotech est une société spécialisée dans les biotechnologies. On les assimile souvent aux Medtechs mais les biotechs recouvrent l’ensemble des recherches scientifiques, des applications et des technologies liées au vivant, ce qui inclue non seulement le médical mais aussi le végétal (et notamment les OGM), le monde marin avec l’étude des algues ou encore l’industrie avec les mutagenèses chimiques.
Quels avantages à investir dans une Biotech ?
Les Biotechs séduisent les investisseurs de par leur secteur d’activité. Elles symbolisent à elles seules l’avancée de la science et ses applications concrètes dans notre monde. Orientées sur des thématiques porteuses (énergies vertes, robotique, etc.), elles appartiennent à un secteur où la demande structurelle est très forte. Et en cas de réussite de leur projet, elles peuvent dégager des bénéfices colossaux.
Comment investir dans une Biotech ?
Il existe plusieurs moyens d’investir dans une biotech : soit en direct avec des titres vifs ou bien au travers de fonds spécialisés, que l’on pourra par exemple loger dans son PEA ou son PEA-PME pour profiter des avantages fiscaux de ces enveloppes. La valeur que vous convoitez n’est pas éligible ? Vous pouvez aussi avoir recours au compte-titres.
Quels risques à investir dans une Biotech ?
Le secteur des Biotechs est un secteur éminemment risqué et hautement spéculatif. Ces sociétés se caractérisent par un fort cash burn, c’est-à-dire que les liquidités sont massivement investies dans le projet, qui peut certes rapporter gros s’il est couronné de succès mais peut aussi conduire à de fortes pertes en cas d’échec, que les actionnaires subiront de plein fouet, les fonds propres des biotechs étant très faibles le plus souvent.
Source images : Freepik
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