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Bourse : 4 expertes de la finance analysent les marchés financiers

Bourse : 4 expertes de la finance analysent les marchés financiers




À l’occasion de la journée de la femme, Café de la Bourse a décidé de donner la parole à des femmes stratégistes de marché. Même si la féminisation de la finance n’en est qu’à ses débuts, de nombreuses femmes de talent exercent dans le secteur.

Découvrez le sentiment de ces femmes sur l’impact du coronavirus sur les marchés, leurs anticipations et leurs indicateurs de prédilection du moment. Retrouvez notre décryptage exclusif pour mieux comprendre la situation macro-économique de 2020 !

Interview : quatre expertes Bourse analysent les marchés financiers

Pouvez-vous nous présenter en quelques lignes votre type de gestion ?

Ombretta Signori, Stratégiste sénior chez Aviva Investors France

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Aviva Investors France possède des expertises sur l’ensemble des classes d’actifs de la zone euro depuis les marchés liquides (taux, actions, gestion multi-actifs) jusqu’aux actifs alternatifs (immobilier, infrastructure, dette corporate). Un pôle Solutions vient compléter l’ensemble de cette offre.

Nous revendiquons un attachement particulier à notre identité d’investisseur responsable, les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) s’intégrant au cœur de notre gestion. Nous pratiquons une gestion active, avec une approche de conviction de long terme.

Esty Dwek, Responsable des stratégies de marché chez Natixis IM Solutions

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Nous faisons de la gestion de portefeuilles multi-assets, principalement au travers de fonds.

Florence Barjou, Deputy Head of Active Investment, Lyxor AM

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Nous mettons en œuvre une gestion active au sein d’un univers d’investissement multi-classes d’actifs, offrant ainsi un potentiel de diversification important. La possibilité de basculer rapidement d’une classe d’actifs à l’autre permet aux gérants de se positionner sur les segments de marché les plus à même d’offrir une performance positive dans un environnement donné.

Nous avons notamment la spécificité de combiner une gestion de conviction avec des outils quantitatifs de gestion du risque. Ceci nous permet d’adapter notre positionnement à l’environnement de marché, un peu comme un conducteur adapterait la vitesse de sa voiture à l’état de la route. Ces techniques sont particulièrement intéressantes en période de forte volatilité sur les marchés car elles permettent de limiter le risque extrême.

Alice Lhabouz, Présidente de Trecento Asset Management

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La philosophie d’investissement de Trecento AM repose sur la gestion thématique, nous proposons des produits d’investissements transparents et compréhensibles pour les investisseurs, sur des thématiques structurellement en croissance : la santé et la robotique. Le secteur de la santé présente une croissance structurelle significative (catalyseurs démographiques forts, innovation continue, rattrapage des pays émergents) et la robotique est portée par la recherche d’innovation et de compétitivité des entreprises.

Dans le cadre de nos analyses, nous nous appuyons sur un comité d’experts robotique et santé, composés de dirigeants et d’entrepreneurs ayant accepté d’apporter une vision « terrain » à l’équipe de gestion.

Alors que les fonds traditionnels ont connu un désintérêt des investisseurs, la gestion thématique devient maintenant une catégorie de fonds actions à part entière. Les thématiques donnent plus de sens aux investissements et sont mieux comprises par les clients. L’ambition de Trecento AM est ainsi d’être la première société de gestion multithématique avec une approche ISR marquée (Investissement Socialement Responsable).

Quelles conséquences aura le coronavirus sur l’économie mondiale et sur votre allocation de portefeuille ?



Ombretta Signori : une préférence pour les actions américaines

À ce stade, personne ne connaît vraiment la réponse à ces questions, car il n’y a pas encore de données suffisantes. Autre élément important, l’impact final dépendra de la durée de la crise sanitaire. Les dernières évolutions de la propagation du virus hors Chine, en Corée, en Italie et d’autres pays, nous rappellent qu’il faut rester vigilant.

Si le virus s’avère un événement de courte durée ne dépassant pas le premier trimestre, on devrait avoir le pire de l’impact économique sur cette période et ensuite assister à un rebond dans les trimestres qui suivent. Un ralentissement modeste de la Chine en 2020 à 5,5 % (à comparer à des prévisions des analystes à 5,8 % précédemment), ne remettrait pas en cause notre scenario de croissance mondiale modérée pour cette année. Il s’agirait juste d’un retard de la reprise. Le risque existe toutefois d’un impact beaucoup plus prononcé sur l’activité économique mondiale. Un scenario où les principales Banques Centrales interviennent rapidement en soutien de la croissance, à l’image de la baisse des taux directeurs de 50 bps de la Reserve Fédérale des États-Unis.

Certes, on doit s’attendre à plus de volatilité au niveau des indicateurs macroéconomiques pendant cette première partie de l’année, notamment en Chine et dans les autres pays asiatiques.

Pour le moment, nous maintenons une légère préférence pour les actions (américaines en particulier, un marché défensif soutenu par une croissance économique plus solide et potentiellement moins impactée par le virus), mais nous avons décidé de prendre des bénéfices après le bon début d’année et compte tenu de la hausse des incertitudes.

Esty Dwek : réduire l’exposition aux actions européennes et japonaises

Pour le moment, il est encore difficile d’estimer l’ampleur complète du virus sur la croissance mondiale. L’augmentation des cas en dehors de la Chine, et surtout en Europe, laisse présager que l’impact sera plus grand qu’initialement prévu, et la reprise plus lente. En effet, les disruptions dans les chaînes d’approvisionnement risquent de persister étant donné des mesures de confinement dans différentes régions à différents moments.

Ceci suggère qu’une reprise en V est de moins en moins probable. Nous pensons qu’il y a donc encore des risques à la baisse, en termes de croissance et au niveau des marchés actions. Nous avons ainsi réduit notre exposition aux actions, et notamment à l’Europe et au Japon, en prévision de volatilité plus élevée. Nous avons aussi rajouté de la duration, car nous pensons que les rendements obligataires vont rester plus bas pendant longtemps.

Florence Barjou : privilégier les marchés émergents

À court terme, le COVID-19 aura de lourdes répercussions économiques. Le sentiment de marché pourrait également souffrir face à la progression du nombre de cas.  Dans ce contexte, il faut adopter une approche particulièrement prospective. Nous savons déjà que les données macro-économiques vont être très mauvaises au cours des prochains mois et qu’elles n’auront qu’une faible valeur indicative sur l’impact à long terme de cette crise.

Nous préférons nous concentrer sur l’effet attendu des politiques de relance. Après la baisse de taux surprise de la Fed, nous attendons un mouvement d’accommodation monétaire généralisé. Des politiques de soutien budgétaires seront aussi à l’ordre du jour, compensant en partie le choc d’activité. Au-delà de la volatilité court terme, ceci favoriserait les actions, d’autant plus que les valorisations se sont nettement repliées. Nous privilégions les marchés émergents, premiers à avoir été touchés par la crise, mais aussi premiers à s’en extraire.

Alice Lhabouz : rester optimiste sur les actions des secteurs santé et robotique

Le plus grand risque pour l’économie est que le coronavirus empêche pendant plusieurs semaines les entreprises de fonctionner normalement, avec comme conséquence une perturbation de la chaîne de production mondiale. L’épidémie pourrait aussi conduire à un affaiblissement de la consommation des ménages et des dépenses d’investissement des sociétés lors de confinement de certaines villes ou régions. Les dirigeants de sociétés devraient être en mesure d’évaluer l’impact du coronavirus dans les prochaines semaines, il sera ainsi intéressant de surveiller leur communication.

Avec le soutien des banques centrales et des gouvernements, et si l’épidémie reste transitoire, on pourrait alors envisager une ré-accélération de l’activité au deuxième trimestre/deuxième semestre.

En l’absence de rendement sur le marché obligataire/monétaire, nous restons optimistes sur les perspectives du marché actions à moyen terme, notamment sur le secteur de la santé et de la robotique, dont l’innovation continue soutient les lancements de produits et la croissance des résultats.

Quel indicateur allez-vous particulièrement suivre dans les mois à venir ?

Indicateurs de climat des affaires pour Ombretta Signori d’Aviva Investors France

Dans les jours et semaines qui viennent, nous continuerons à suivre de près la reprise des activités en Chine, au travers des données réelles telles que la production d’électricité, les déplacements, les ventes immobilières, etc. Pour mesurer l’impact du virus en Zone Euro ou aux États-Unis, il faudra surveiller les changements dans le comportement des consommateurs, ainsi que les indicateurs avancés comme les sondages de climat des affaires.

En zone euro, il est aussi important d’observer la résistance du secteur des services face à la faiblesse du secteur manufacturier et maintenant face aux conséquences du virus. Ces données devraient nous permettre de valider notre scenario central ou alors de réviser nos prévisions en conséquence. Plus loin dans l’année, nous pensons que les élections américaines influenceront les marchés, en particuliers pour certains secteurs, comme la santé et la technologie.

Le commerce mondial pour Esty Dwek de Natixis IM Solutions

Nous surveillons bien sûr la croissance du nombre de cas et les pays touchés. Selon nous, la question principale est de savoir combien de temps sera nécessaire pour contenir ce coronavirus. Jusqu’à ce que les investisseurs considèrent que le pire est passé, nous verrons beaucoup de volatilité et des risques baissiers.

Nous suivons particulièrement les données liées au commerce mondial qui commençait à reprendre avec la trêve commerciale, mais qui va être fortement impacté et ce, peut-être au-delà du premier trimestre. Nous sommes également attentifs aux données européennes car le continent risque d’être fortement impacté par la contagion et le ralentissement chinois, avec un risque de récession non-négligeable.

Le risque de défaut pour Florence Barjou de Lyxor AM

Le principal risque aujourd’hui nous semble être le risque de défaut sur la dette d’entreprise. Certains segments d’activité, comme le tourisme ou les transports, mais aussi les petites et moyennes entreprises et les chaînes de fournisseurs sont particulièrement fragiles. En Chine par exemple, un tiers des PME a des réserves de trésorerie pour un mois seulement. Des défauts en cascade impacteraient la solidité des banques et la liquidité du marché, pouvant ainsi être à l’origine d’un risque systémique.

Même si les autorités (banques centrales et gouvernements) ont bien pris la mesure de ce risque et ont annoncé des mesures ciblées, nous avons d’ores et déjà nettement réduit les expositions sur le segment du crédit à haut rendement dans nos portefeuilles.

Le PMI et ISM pour Alice Lhabouz de Trecento Asset Management

Nous suivrons les indicateurs avancés d’activité (notamment les PMI et l’ISM) en Europe, aux US, au Japon et en Chine, qui permettront d’évaluer l’impact du coronavirus sur le niveau d’activité et la conjoncture économique mondiale. Ces indicateurs pourraient être malmenés dans les prochaines semaines à mesure que la crise sanitaire affecte les carnets de commandes et provoque des tensions sur les chaînes d’approvisionnement.

Une fois passée l’inquiétude liée au coronavirus, une possible stabilisation puis amélioration de ces indicateurs suggéreraient alors une reprise de l’activité, ce qui devrait alors raviver l’intérêt des investisseurs pour le risque et les marchés actions.

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