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Investissement : faut-il miser sur les pays émergents ?

Investissement : faut-il miser sur les pays émergents ?




Eldorado ou mirage destructeur, les marchés émergents font naître des réactions opposées, mais rarement de l’indifférence. De fait, les marchés émergents suscitent tour à tour la passion d’investisseurs en quête de rendement, et la peur d’investisseurs naturellement enclins à favoriser la sécurité des marchés développés. Les marchés émergents ne laissent en tout cas personne indifférent et ont acquis une place incontournable dans l’allocation des professionnels de la finance comme de nombreux investisseurs particuliers.

Découvrez dans cet article l’univers émergent, ses particularités par rapport aux marchés développés mais aussi les spécificités entre pays qui le composent. Doté d’un potentiel de croissance économique et de performance boursière supérieure, le monde émergent opère en 2020 un retour en force. Découvrez les raisons d’un tel regain d’attractivité, les secteurs à favoriser et les différents moyens de se positionner sur ces marchés.

Qu’appelle-t-on un pays émergent ?

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Les pays émergent sont des pays dont la situation économique est en voie de développement. Souvent issus de ce qu’Alfred Sauvy appelait en 1952 le « tiers-monde », c’est-à-dire appartenant au bloc qui, à l’issue de la seconde guerre mondiale n’appartenait ni au bloc de l’OTAN ni au bloc du Pacte de Varsovie, ils ont par la suite souvent été qualifiés de « pays les moins avancés » ou « PMA ». Terminologie employée en 1971 par les Nations Unies pour désigner les pays les moins développés socio économiquement de la planète et présentant à ce titre, les indices de développement humain les plus faibles.

Attardons-nous désormais sur la définition des termes marchés et pays émergents. Les pays émergents renvoient donc à une définition économique de la situation de pays en situation de rattrapage par rapport aux pays développés. Ce rattrapage concerne aussi bien la structure économique elle-même (importance croissante de la production industrielle au détriment de l’économie agraire, ouverture au marché mondial et aux capitaux étrangers) que les nombreuses dimensions de la structure sociale (évolution du système juridique et politique vers plus de justice et de démocratie, changement des mentalités et des habitudes de vie et de consommation).

De nombreuses dénominations ont été utilisées depuis les années 1980 pour désigner ce type de pays. Le terme de nouveaux pays industrialisés (NPI) a été fort utilisé durant les années 1980 et 1990. Ses premiers représentants, les fameux quatre dragons asiatiques – Corée du Sud, Hong Kong, Taiwan et Singapour – ont entamé leur décollage dans les années 1980, et ont achevé leur processus de rattrapage vers les pays développés. Ils ne figurent donc plus dans l’univers des pays émergents (mais en matière de marchés, nous verrons que la situation peut différer).

Autre expression usitée, celle de pays en développement a remplacé celle de pays sous-développé, comme pour illustrer le refus de la stagnation dans un état de sous-développement, mais aussi pour signifier l’état de transition vers un niveau supérieur. Il est utilisé aujourd’hui pour désigner les pays entrés sur la voie du développement sans posséder les caractéristiques des pays émergents : Burkina Faso, Laos, Soudan, Haïti, etc.

Aujourd’hui, les pays émergents sont ceux qui présentent un PIB par habitant inférieur à celui de la moyenne des pays développés, mais sont caractérisés par plusieurs éléments typiques :

  • une croissance du PIB rapide : le taux de croissance moyen des pays émergents est supérieur à celui des pays développés et la croissance potentielle des émergents s’avère bien supérieure à celle des pays développés (nous évoquerons dans la partie suivante les perspectives de croissance moyenne mondiale et de certains émergents) ;
  • des transformations structurelles les rapprochant progressivement du modèle économique, politique, juridique et social des pays développés.

La notion de revenu par habitant compte également : celui-ci doit être compris entre 10 et 75 % du revenu moyen par habitant dans l’Union européenne, exprimé en parité de pouvoir d’achat. Sont donc exclus les pays qui ont un revenu moyen par habitant inférieur à 10 % de celui de l’Union européenne ou pays les moins avancés, mais aussi les pays affichant un revenu moyen par habitant supérieur à 75 % de celui de la moyenne de l’Union européenne, dits pays “riches”.

Si les experts économistes ne s’entendent pas tous sur la définition stricte d’un groupe de pays émergents, on peut citer sans risque les pays suivants : Brésil, Chine, Russie, Inde, qui forment le groupe des BRIC, mais aussi Afrique du Sud, Indonésie, Mexique ou encore Thaïlande, Malaisie.

En outre, la chute de l’URSS au début des années 1990 a provoqué la libéralisation économique et sociale de nombreux pays d’Europe de l’Est, des Balkans, de la Baltique et d’Asie centrale : Pologne, États baltes (Lettonie, Estonie, Lituanie), Turquie, Hongrie, République Tchèque.

Impossible de dresser une liste exhaustive ou certaine, tant les situations économiques peuvent différer d’une région à une autre, d’un pays à un autre et même d’une période à une autre. Le processus d’émergence étant long et complexe, la nouvelle génération de pays émergents n’a pas encore débouché sur la sortie de pays par le haut (vers le statut de pays développé) de l’univers émergent. Celui-ci a donc tendance à grossir sous l’effet de l’arrivée d’économies lancées sur la voie de l’émergence : Vietnam, Cambodge, Pérou, Venezuela, etc.

Les pays émergents se caractérisent donc non seulement par un rythme de croissance soutenu et des évolutions structurelles constructives, mais aussi par des faiblesses tout aussi structurelles, dont l’amélioration nécessite plus de temps que la modernisation de l’appareil productif et des marchés financiers. L’émergence est un long processus.

Qu’est-ce qu’un marché émergent ?

Passons maintenant à la définition des marchés émergents. Les deux termes se distinguent en effet dans la mesure où les marchés renvoient à l’activité financière des pays. Nous l’avons vu, l’ouverture aux capitaux étrangers est l’une des caractéristiques typiques des pays en émergence, qui ont de forts besoins de capitaux pour financer leur développement. Cette ouverture passe par la possibilité offerte aux investisseurs étrangers d’investir en direct dans l’économie (partenariats avec des sociétés locales, implantations directes), mais aussi sur les marchés financiers via la Bourse et les émissions obligataires.

Ainsi, un pays émergent peut ne pas être un marché émergent et un marché émergent peut ne pas être un pays émergent.

Un exemple : la Corée du sud, l’un des quatre dragons asiatiques, est devenu un pays développé grâce au processus entamé durant les années 1980. Néanmoins, elle figure encore dans la majorité des indices émergents calculés par les fournisseurs d’indices boursiers (Standard & Poor’s, MSCI, etc.). Seul le Britannique Footsie a déplacé la Corée de l’indice émergent à l’indice pays développés et si l’on peut imaginer que d’autres fournisseurs d’indices suivront, la réalité demeure : la Corée est un pays développé mais un marché émergent. Autre exemple, Israël, communément admis comme un pays développé, représente un marché émergent par sa “jeunesse” et sa situation géographique.

À l’inverse, certains pays émergents ne présentent pas encore d’intérêt pour les investisseurs étrangers et souffrent de sous-investissement, comme le Nigeria ou la Slovaquie. Mais on en revient ici à la définition complexe des pays émergents, qui ne fait pas l’unanimité et implique que certains fournisseurs d’indices reconnaissent certains pays comme des marchés émergents tandis que d’autres ne les reconnaissent pas.

Sur la base des critères et des marchés globalement reconnus, nous parvenons néanmoins à une liste conséquente de marchés émergents, qu’ils se situent en Asie : Chine, Thaïlande, Indonésie, Malaisie ; en Amérique centrale et du sud : Mexique, Brésil, Chili, Argentine ; en Europe : Pologne, Ukraine, Russie, République Tchèque ; ou en Afrique : Maroc, Afrique du sud, Egypte et Zimbabwe (pour S&P mais pas pour MSCI).

On remarque que les pays exportateurs de pétrole, typiquement ceux réunis au sein de l’OPEP, sont exclus du monde émergent : bien que riches, ils ne tirent leurs revenus que de l’exploitation du pétrole et ne sont pas, par ailleurs, engagés dans une voie de développement complet (système politique, institutions, modèle social). Le Moyen-Orient, associé à l’Afrique du Nord, constitue néanmoins une cible pour les investisseurs et une thématique d’investissement pour plusieurs fonds de placement.

Retenons tout de même qu’à l’aube d’une nouvelle décennie, le concept même de marchés émergents est très discuté. Pour Yves Perrier, directeur général d’Amundi, il ne s’agit plus d’un « concept opératoire » tant « la situation de chacun des pays qualifiés d’émergents revêt des réalités très différentes ».

Si certaines caractéristiques communes peuvent être identifiées et permettent de classer les pays dans le groupe des émergents, les pays émergents ne sont pas tous égaux en termes de vigueur de la croissance, de taux d’inflation, de balance commerciale, de déficit budgétaire, rendant ce groupe très hétérogène.

Cependant, ils ont souvent en commun la particularité d’être une zone d’instabilité. Même si les pays émergents connaissent des situations politiques diverses, l’instabilité politique constitue l’un des risques majeurs associés aux pays émergents, allant même jusqu’à dissuader certains investisseurs.

Comment, dans ce contexte, aborder les émergents ? Comment faire la part entre les challenges et opportunités qu’ils représentent ? L’attitude la plus pertinente est sans aucun doute d’examiner la situation pays par pays. Chaque pays émergent possède ses spécificités et un investissement sur de tels marchés nécessite de prendre en considération ces différents aspects. Attention donc aux groupes de pays créés de façon unilatérale par certains acteurs financiers, ils ne reposent pas toujours sur des données infaillibles et ne peuvent refléter l’évolutivité des situations comme c’est le cas pour les BRIC par exemple, qui assemble dans un même groupe des pays aux réalités très différentes.

Les pays émergents les plus attractifs pour vos investissements

Les pays émergents, nous l’avons vu, ne présentent pas tous le même intérêt.

Certains, plus stables que d’autres, présentent de belles marges de progression, comme c’est par exemple le cas pour le Vietnam, l’Indonésie, la Russie, le Mexique, l’Inde, ou encore la Corée du Sud (source : conférence Perspectives 2020 Amundi du 9 janvier 2020).

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Selon Ross Teverson, Head of Strategy, Emerging Markets, chez Jupiter AM, les perspectives sont bien meilleures que prévues au Mexique « avec un contexte politique favorable et l’économie qui profite des nombreuses délocalisations d’entreprises qui souhaitent diversifier leurs activités hors de Chine ».

D’autres, présentent des risques politiques qui doivent inciter les investisseurs à la plus grande prudence, comme la Colombie ou le Chili selon les dires de Pascal Blanqué, Chief Investment Officer chez Amundi, qui considère également que certains pays émergents ont un équilibre encore fragile à l’instar de l’Argentine ou la Turquie.

Les perspectives de croissance des marchés émergents

Les marchés émergents attirent des investisseurs du monde entier, en quête de diversification et de rendement pour leurs portefeuilles et comptant sur la force du processus d’émergence. Un taux de croissance supérieur aux pays développés est en effet l’une des caractéristiques des pays émergents. Mais, « en 2020, la croissance des marchés émergents devrait être bien plus importante que celle des pays développés » selon Monica Defend, Responsable de la Recherche Groupe chez Amundi.

Et de fait, les prévisions de croissance réelle du PIB Amundi Research sont, à titre d’exemple de :

  • 5,6 % en 2019 ; 6,5 % en 2020, 6,8 % en 2021 pour l’Inde ;
  • 6,2 % en 2019 ; 5,8 % en 2020, 5,8 % en 2021 pour la Chine ;
  • 3,2 % en 2019 ; 3,2 % en 2020, 3,4 % en 2021 pour le monde.

Les pays émergents sont avantagés par le phénomène de déglobalisation de la croissance qui se traduit selon Yves Perrier par une « transformation de la croissance mondiale donnant lieu à une baisse de la production, un ralentissement des échanges et une augmentation de la demande interne ».

Dans ce monde devenu multipolaire ( il y a 30 ans, la population de l’OCDE représentait 20 % de la population mondiale et 50 % du PIB mondiale alors qu’aujourd’hui elle représente 10 % de la population mondiale et un tiers du PIB mondial) dans lequel l’information et le savoir se diffusent, la démographie rejoint l’économie, avec l’émergence d’une croissance autonome due à une forte demande domestique.

La déglobalisation actuelle constitue moins une menace qu’une opportunité pour les émergents. La régionalisation qui consiste à produire là où les produits sont consommés est une chance pour la planète du point de vue écologique mais aussi une opportunité pour le monde de la finance pour peu qu’il ait su investir dans les marchés émergents qui connaissent une explosion de la demande domestique. De fait, pour Bertrand Badie, Professeur émérite des universités à Sciences Po Paris qui s’est exprimé lors de la conférence Perspectives 2020 d’Amundi : « la mondialisation a encouragé le localisme ».

Ce point de vue est partagé par Pascal Blanqué, Chief Investment Officer chez Amundi pour qui « la diminution du commerce et le développement de politiques protectionnistes induit une approche plus régionalistes ». Il considère que « certains marchés émergents peuvent profiter de cette transformation ». Il s’agit même d’un investissement idéal « s’il est associé à une prime de risque sympathique et une devise sous-évaluée ». Il conviendra en effet pour le Chief Investment Officer d’Amundi de « s’exposer à la dette émergente en préférant le « Hard Currency », afin de profiter du potentiel en devises locales en cas de baisse du dollar ».

Les secteurs des pays émergents les plus prometteurs

La croissance des pays émergents est donc une réalité. Certains secteurs seront plus prometteurs que d’autres. Voici donc les secteurs d’activité ou type de capitalisations boursières qui devraient tirer leur épingle du jeu en Bourse dans les mois et années à venir.

D’abord, soulignons l’importance des perspectives pour le secteur bancaire dans les pays émergents. Ross Teverson, Head of Strategy, Emerging Markets, chez Jupiter AM considère en effet que « les banques de petits pays des marchés émergents et des marchés frontières disposent de modèles d’affaires combinant les forces des banques de dépôt traditionnelles et de l’innovation fintech », ce qui pourrait les faire « bénéficier d’une inclusion financière croissante ».

Le spécialiste marchés émergents de Jupiter AM pointe aussi la bonne santé du secteur des semi-conducteurs, arguant que les actions des sociétés de ce secteur « se sont bien comportées tout au long de 2019 et il est possible que cette tendance se poursuive en 2020, avec l’avènement de la 5G », ajoutant que « l’industrie s’étant consolidée, les nouveaux leaders devraient profiter du changement ».

Pour Yves Perrier, Directeur général Amundi, c’est sur les services qu’il faudrait miser en Bourse en 2020, considérant que « le marché des émergents arrive dans une nouvelle phase de développement avec la progression de la demande interne, notamment dans les services. »

Enfin, il pourra être judicieux cette année de se positionner sur le secteur des petites et moyennes capitalisations qui a beaucoup souffert en 2018, « avec beaucoup d’actions cédées parfois injustement » souligne-t-on chez Jupiter AM. Mais Ross Teverson explique que « le cours des actions de ces sociétés a pourtant bien résisté » en 2019 et, selon lui, « cette tendance devrait se poursuivre en 2020, en particulier si le marché commence à regarder au-delà des turbulences géopolitiques et se concentre sur les fondamentaux ».

Comment investir dans un pays dont l’économie se développe ?

On peut se positionner en Bourse sur les marchés émergents de multiples façons. D’abord, en optant pour les marchés actions ou les marchés obligataires ou une association des deux.

Ensuite, il convient de choisir quel type d’actif et de produits acheter : actions en direct, ETF et produits dérivés. Le choix est large !

Rappelons tout de même que le monde émergent n’est plus homogène.

De la même façon que les marchés développés sont abordés en 2020 sous l’angle de la sélection avisée de valeurs, les marchés émergents ne seront plus “jamais” envisagés d’une façon globale.
D’une part, les pays émergents possèdent des économies, des situations politiques et économiques différentes, ce qui nécessite de les aborder distinctement. On se méfiera donc des ETF « émergents » qui répliquent les performances de places boursières de pays qui n’ont rien en commun. Avant de choisir un tracker, il conviendra de bien comprendre son sous-jacent et de vérifier que celui-ci a une réelle pertinence en termes de réalité économique.
On ne saurait que trop recommander pour éviter tout investissement malheureux, de sélectionner des titres vifs en identifiant soigneusement les entreprises les plus viables. L’objectif des investisseurs est de repérer les entreprises les plus solides et les mieux à même de résister aux phases de volatilité de ces marchés. Car certaines entreprises démontrent une capacité à surperformer le marché. Ce sont ces entreprises que les investisseurs recherchent, sur la base de critères fondamentaux. C’est aussi pour cette raison que les groupes de pays créés plus ou moins artificiellement perdent de leur pertinence.

Vous ne nous sentez pas suffisamment confiant pour investir en direct et êtes peu convaincus par les trackers, pourquoi ne pas vous tourner vers les OPCVM ? En déléguant la gestion à des experts des marchés émergents, vous devriez pouvoir profiter des opportunités que recèlent ces marchés sans prendre trop de risques.

Attention tout de même, que vous investissiez dans les actions en direct ou via des OPCVM, soyez attentifs à ne pas surinvestir un marché boursier qui semble porteur car celui-ci ne l’est peut-être que momentanément seulement. L’identification de réels facteurs de croissance, de création de richesse, de fondamentaux solides doit systématiquement compléter un point de vue macroéconomique par zones ou pays.

L’univers des marchés émergents, hétérogène et évolutif, devrait susciter encore espoirs et déceptions dans les années à venir. Abordez-les avec discernement.

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