Être riche en France aujourd’hui, qu’est-ce que cela signifie ? Café de la Bourse revient sur cette notion abstraite et très subjective. Qui est riche en 2024 ? À partir de quels revenus, avec quel patrimoine peut-on se considérer comme fortuné ? Qu’est-ce-que cela implique ? Nos explications.
Argent : c’est quoi être riche ? Nos explications en vidéo
Qu’est-ce que la richesse ? Qu’est-ce que la fortune ? Des notions abstraites et subjectives
Selon le Larousse est riche une personne « qui a de la fortune, des biens importants ». La définition est on le voit très généraliste, pas quantifiée. Cela laisse donc penser que l’on est riche par rapport à l’Autre. Est riche quelqu’un qui a plus de fortune que la plupart des gens, des biens plus nombreux, plus coûteux que la plupart des gens.
On pourra, pour compléter la définition, s’interroger sur le sens du proverbe « Est assez riche qui ne doit rien ». Le bon sens populaire, à travers ce dicton, affirme que la richesse permet de posséder ce que l’on souhaite (sans avoir recours à des emprunts). Elle permet donc de subvenir à ses besoins. Mais quelqu’un de « riche » n’est-il pas justement quelqu’un qui peut s’offrir plus que ce qui lui est nécessaire ? Ses besoins sont rassasiés, mais ses désirs aussi, au moins en partie.
Avec la différence entre l’essentiel et le superflu, on touche à la notion d’investisseur heureux selon laquelle la richesse est toute relative car propre à chacun. Une personne se satisfera de 2 000 € par mois pour vivre quand une autre n’envisagera pas d’avoir un revenu mensuel de moins de 10 000 € pour mener le train de vie qu’elle juge adéquat. On se considérera plus ou moins riche en fonction de son train de vie habituel mais aussi du temps que l’on passe à travailler. Ainsi, 2 000 € de revenus pour une semaine de travail ou 2 000 € perçus pour un mois de travail ne donneront pas à celui qui les reçoit la même impression. Enfin, le coût de la vie est évidemment un facteur essentiel à prendre en compte dans la définition de la richesse. Un célibataire sans enfants qui gagne 2 500 € de revenus par mois n’aura pas du tout le même train de vie selon qu’il habite à Paris ou à Dijon par exemple. Ainsi, si comme l’Observatoire des inégalités, on considère comme riche une personne qui gagne plus de deux fois ce que gagne le Français du milieu, ce seuil est fixé à 3 673 euros par mois pour la France entière contre « 5 790 euros par mois après impôt pour une personne seule » à Paris explique Anne Bruner, l’un des auteurs du rapport 2022 de l’Observatoire des inégalités sur la richesse.
Être riche dans le monde, un statut social parfois décrié
Force est de constater que la richesse possède un statut un peu particulier en France. « Il est riche » induit dans notre pays une certaine suspicion, si ce n’est de l’animosité. On peut éventuellement envier les riches, mais on ne les aime pas. L’ancien Président de la République François Hollande en tête qui dans l’émission « À vous de juger » en janvier 2007 lâcha face à Michèle Alliot-Marie, « Je n’aime pas les riches, j’en conviens ». Ce sentiment se traduit aussi par une exception française notable : l’impôt de solidarité sur la fortune devenu sous le quinquennat Macron l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), impôt avant tout idéologique, empreint d’égalitarisme et qui a la vie dure malgré le fait qu’il rapporte moins que ce qu’il coûte. La gauche n’est cependant pas la seule à « taxer les riches » en France, loin de là ! On peut en effet citer la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus créée en 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, une taxe temporaire qui doit être maintenue jusqu’à l’imposition des revenus de l’année au titre de laquelle le déficit public des administrations publiques deviendra nul. Les contribuables célibataires dont le revenu fiscal de référence dépasse les 250 000€ et les 500 000€ doivent payer cette taxe sur « les hauts revenus » supplémentaire de respectivement 3 % et 4 %. Pour les couples, les seuils de déclenchement sont à 500 000€ et 1 000 000€. Le Premier ministre Michel Barnier s’inscrit dans cette lignée lorsqu’il demande aux 0,3 % des foyers fiscaux les plus fortunés un effort fiscal supplémentaire et temporaire afin de réduire le déficit public en 2024.
La situation est très différente dans les pays anglo-saxons et notamment les États-Unis. Pour Luc Ferry, cette différence est avant tout culturelle et s’explique par notre histoire. Il développa la comparaison lors d’une conférence de la Journée France Fintech 2016. Historiquement aux États-Unis sont riches ceux qui ont travaillé et réussi. En France, avant la Révolution française, sont riches ceux qui sont nés riches. De plus, les visions protestante et catholique de la richesse sont très différentes. En France, pays de tradition catholique, il fallait payer ses indulgences, il était bien vu de donner son argent aux pauvres, la richesse s’accompagnait dans une certaine mesure de culpabilité. En revanche, dans les pays protestants, est riche celui que Dieu laisse réussir dans ses affaires. S’il est riche, c’est que Dieu le permet et donc que Dieu doit bien l’aimer un peu.
Pour être riche, combien faut-il gagner ?
Revenons à la France qui, même si les exilés fiscaux sont nombreux, compte tout de même encore des « riches ». Nous nous attacherons donc à quantifier la richesse. Pour être/se considérer comme riche en France en 2024, combien doit-on posséder ? Combien doit-on gagner ?
Il faut en effet répondre à ces deux questions car il s’agit des deux façons de mesurer la richesse, que ce soit d’un individu ou d’un foyer. On raisonnera donc en termes de revenus (les flux) et en termes de patrimoine (le stock).
À partir de quel salaire êtes-vous riche ?
François Hollande, en 2011, avait publiquement estimé qu’un Français passait le seuil de la « richesse » à 4 000 euros par mois. La dernière étude de l’Observatoire des inégalités démontre que les assertions de l’ancien Président français sont toujours d’actualité. Selon l’Observatoire des inégalités qui fixe le seuil de richesse au niveau du double du revenu médian, « on devient riche à partir de 3 860 euros pour une personne seule, 5 790 euros pour un couple sans enfants et 9 650 euros pour une famille avec deux enfants de plus de 14 ans » d’après les derniers chiffres publiés. Attention, il s’agira du revenu disponible après impôt. Selon ces chiffres, la France compte 4,5 millions de riches, soit 7 % de la population. L’Observatoire attire notre attention sur le fait que, selon ces seuils, les « catégories « aisées » rassemblent des ménages aux revenus très inégaux, des cadres supérieurs aux PDG de multinationales ». Comme l’estimait dès 2020 l’Observatoire des inégalités, « à partir de 2 000 euros, on entre dans le tiers le plus favorisé et à partir de 4 000 euros, on se distingue vraiment du lot en accédant aux 8 % les plus aisés ». Une personne se situe parmi les 1 % de la population ayant les revenus les plus élevés si son revenu mensuel atteint les 7 180 euros par mois, ce qui représente 630 000 Français. Les 0,1 % les plus riches, soit 63 000 Français gagnent 17 538 euros par mois ou plus.
Notez que cette étude parue en mai 2022 repose sur les données 2019 de l’INSEE mais selon l’Observatoire des Inégalités, si « certains salaires ont augmenté depuis, […] les hausses demeurent en moyenne très faibles ».
On note toutefois une légère baisse de la part des Français les plus riches entre 2010 (8,6 % de la population) et 2019 (7,1 % de la population). Deux facteurs principaux peuvent l’expliquer : d’une part, les mesures fiscales décidées en 2011 et 2012, qui ont affecté les hauts revenus ; d’autre part, les mesures en faveur des classes moyennes décidées en 2019 pour répondre à la colère des Gilets jaunes. Louis Maurin, l’un des auteurs du rapport précise tout de même que les riches sont « nettement plus riches » qu’il y a 20 ans. En effet, les 10 % les plus riches, entre 1999 et 2019, ont vu leurs revenus corrigés de l’inflation progresser de 9 100 euros, contre 3 300 euros pour les classes moyennes.
Patrimoine mobilier et immobilier : à partir de combien de patrimoine êtes-vous riche ?
Selon l’Observatoire des inégalités, en matière de patrimoine, pour faire partie des 10 % les plus riches, le patrimoine doit être supérieur à 716 300 euros selon la dernière étude de l’Insee publiée le 25 janvier 2023 sur le patrimoine des ménages français. Somme qui s’élève à 2,2 millions d’euros pour être dans les 1 % les plus riches.
Au vu de cette étude, on constate en France une très inégale répartition du patrimoine entre les foyers. Ainsi, en 2021, la moitié des ménages les plus aisés détenait 92 % du patrimoine. Cela signifie que 50 % des ménages les moins aisés possèdent seulement 8 % du patrimoine.
5 % des ménages français sont millionnaires. Notez que les 10 % de Français les plus fortunés, soit environ 3 millions de foyers, disposent de 50 % du patrimoine de l’ensemble des ménages français.
Notez qu’en France, les biens immobiliers constituent l’essentiel du patrimoine des ménages, pesant 62 % du total selon cette même étude de l’INSEE.
Qui est le riche en France ? Portrait et profil du riche en France
Les plus riches ont des caractéristiques communes fortes.
Le riche est plutôt âgé : l’âge moyen est de 57 ans pour les personnes qui ont un niveau de vie situé entre le 10 % et le 1 % le plus élevé. Pour les ménages qui possèdent un patrimoine situé parmi les 10 % les plus élevés, 70 % ont plus de 50 ans. 15 % des ménages dont la personne de référence a entre 60 et 64 ans sont riches, contre 1 % des moins de 30 ans.
Le riche a un emploi bien rémunéré. 51 % des salariés dont le niveau de vie se situe entre le 10 % et le 1 % le plus élevé sont cadres supérieur. 68 % des ménages actifs riches en patrimoine sont cadres supérieurs, professions libérales, artisans, commerçants ou chefs d’entreprise. On compte seulement 1 % de riche chez les ouvriers.
Le riche a tendance à habiter en Île-de-France. Il est le plus souvent propriétaire de sa résidence principale, qui se situe principalement en Île-de-France puisque 28 % des personnes dont le patrimoine se situe parmi les 10 % les plus élevés habitent en région parisienne. 16 % des personnes qui ont un niveau de vie situé entre le 10 % et le 1 % le plus élevé habitent Paris ou les Hauts-de-Seine.
Selon la dernière étude de l’INSEE le patrimoine des Français publiée en janvier 2023, les 10 % les plus riches possèdent en moyenne plus de 150 000 euros en placements financiers, notamment en assurance vie et valeurs mobilières quand les 10 % les moins aisés se cantonnent au livret A et ne possèdent en moyenne que 400 euros.
Être riche ça veut dire quoi pour ceux qui ne le sont pas ?
Mais parce que la richesse est une notion très subjective et relative, il est intéressant aussi de connaître le ressenti et les estimations de la population française en la matière. Selon l’étude Ifop pour Atlantico sur « Les Français et la richesse en France », réalisée en octobre 2017, il s’avère d’abord que, parmi les caractéristiques perçues comme étant les plus importantes pour devenir riche, le « travail » ressort en tête (48 %), devant « avoir des relations » (32 %), « avoir des parents riches » (29 %) et « avoir du culot » (21 %).
D’après un sondage Odoxa pour BFM Business réalisé en juillet 2016, est considéré comme riche en France en 2016, celui qui gagne 5 000 euros par mois, un chiffre bien supérieur à celui avancé par le « Rapport sur les riches en France, édition 2022 » de l’Observatoire des inégalités, réalisé sous la direction d’Anne Brunner et Louis Maurin. 5 000 euros, c’est aussi le chiffre qui revient dans un sondage réalisé par YouGov en 2017. Cette estimation de la richesse en fonction du salaire oscille selon les années : en 2006, il fallait gagner 4 662 euros par mois, contre 6 000 euros en 2011 ou 5 000 euros en 2015. En ce qui concerne le patrimoine, est considéré comme riche celui qui, en France en 2016, possède un patrimoine supérieur à 500 000 euros. Chiffre quasi identique en 2006 et 2015. En revanche, en 2011, était considérée comme riche une personne disposant d’un patrimoine de plus de 1 million d’euros.
Quelles sont les problématiques des riches ?
Être riche, c’est avoir des biens, de l’argent. Souvent, cela signifie aussi faire appel à de l’aide au quotidien (ménage, garde d’enfants pour les moins aisés des « riches » jusqu’à conciergerie, personnel de maison pour les plus aisés). Mais cette aide, elle se retrouve aussi dans la gestion de son argent. Les « riches » disposent en effet de services, d’aides qui leur sont dévolus. « Les moins fortunés » pourront accéder aux services premium de leur banque classique, ils pourront faire appel aux services d’un conseiller en gestion de patrimoine, voire à la banque privée des grandes banques traditionnelles. Les plus fortunés, eux, se tourneront vers les banques privées de prestige, voire les family offices spécialisés dans le sur mesure. Ces structures proposent des produits originaux conçus spécialement pour leurs clients : fonds d’investissement internationaux, produits défiscalisants haut de gamme comme les monuments historiques, investissement dans l’art, l’immobilier de prestige, etc.
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