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L’hydrogène est-elle une bulle spéculative ?

L’hydrogène est-elle une bulle spéculative ?




Les entreprises HRS (Hydrogen-Refueling-Solutions) et plus récemment Hydrogène de France sont entrées en fanfare sur le marché Euronext Growth durant le premier semestre 2021, levant au passage plusieurs centaines de millions d’euros pour financer leur croissance. Il faut dire que de manière générale, l’hydrogène a la cote en Bourse avec des parcours impressionnants comme celui de McPhy Energy ou Ceres Power. En revanche, du point de vue des fondamentaux, les niveaux de valorisation de juin 2021 paraissent anormalement élevés… Alors pouvons-nous dire que nous sommes dans une bulle spéculative ? Explications.

Qu’est-ce qu’une bulle ? Quel impact pour un investissement ?

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Une bulle spéculative est une valorisation excessive des actifs au sein d’une industrie, d’un produit ou d’une classe d’actifs, sans liens avec les fondamentaux, motivée par une activité irrationnelle des investisseurs qui ne veulent pas passer à côté d’une bonne affaire et espèrent encaisser une plus value rapidement.

La spéculation est initialement motivée par des fondamentaux : une forte croissance des bénéfices ou de belles perspectives de croissance de marché, etc. Mais la bulle spéculative obéit rapidement à une logique déconnectée des fondamentaux : l’élan de marché ou le fameux “FOMO” (fear of missing out, qui pourrait se traduire par la peur de passer à côté ou la peur de ne pas en être). Avec la hausse de la valeur des actifs, les investisseurs ont peur de rater le coche et se précipitent, peu importe la valorisation, de peur de laisse passer une opportunité.

La bulle éclate quand l’élan de marché s’effondre et les valorisations redescendent à un niveau plus en adéquation avec les fondamentaux.

Investir dans une bulle est donc très risqué et relève du jeu des chaises musicales : si vous achetez et vendez pendant que la musique se joue, vous engrangerez des bénéfices. Mais si la bulle éclate et que vous avez maintenu vos positions, vous subirez des pertes colossales.

L’hydrogène : perspectives extraordinaires ou bulle spéculative ?



Hydrogène : un marché très prometteur mais encore à ses débuts

L’hydrogène propre pourrait jouer un un rôle majeur dans le processus qui devrait mener à la neutralité carbone des entreprises, en fournissant des solutions décarbonées dans les industries pour lesquelles cet objectif apparaît comme le plus difficiles à atteindre. On peut par exemple penser au transport longue distance, aux secteurs de l’acier, des produits chimiques, mais aussi au chauffage et au stockage d’énergie à long terme.

L’hydrogène est présent en grande quantité sur terre et il est même facile d’en générer. Il délivre toutes ses promesses quand il est dit vert, c’est-à-dire issu de l’électrolyse où l’apport énergétique est lui-même de source renouvelable et non pas issue d’une combustion d’énergie fossile.

Les études de marché publiées par les centres de recherche lui attribuent des taux de croissance phénoménaux ! Selon Bank of America, c’est 5 000 % de croissance d’ici 2025, et d’ici 2050, une taille équivalente à celle du pétrole, soit 9 000 milliards de dollars. Schroders, de son côté, prédit que l’hydrogène vert pourrait être produit 800 fois plus qu’aujourd’hui en 2050.

Les politiques publiques sont favorables au développement de cet hydrogène vert :  7,2 milliards d’euros d’ici 2030 seront dépensés pour en faire l’énergie phare de la France décarbonée, avec des créations d’emplois liés à l’hydrogène estimées entre 50 000 et 100 000. L’Allemagne misera 9 milliards d’euros pour devenir le champion mondial. La commission européenne a annoncé un objectif d’investissement pour l’hydrogène oscillant entre 180 et 470 milliards d’euros d’ici 2050.

Reste qu’à ce jour, ce marché en est à ses balbutiements et que la plupart des applications envisagées en sont toujours au stade expérimental. En outre, il existe des solutions de substitution sérieuses, beaucoup plus avancées (considérez par exemple la voiture électrique et la voiture à hydrogène). De plus, la production d’hydrogène est aujourd’hui très majoritairement issue de gaz, ou d’électrolyse à partir d’énergie fossiles, car les coûts de production d’hydrogène vert sont encore très élevés.

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Hydrogène : des valorisations en Bourse délirantes rapportées aux fondamentaux financiers

Les sociétés du marché de l’hydrogène cartonnent en Bourse depuis 2020. Les investisseurs ont investi des centaines de millions d’euros dans des sociétés comme McPhy Energy, fabricant d’électrolyseur qui a vu son cours multiplié par 7 depuis le début de l’année 2020 ; mais aussi FuelCell Energy, l’Américain producteur de piles à combustibles qui a vu son cours multiplié par 4 depuis janvier 2020. Les entrées en Bourse des Français de l’hydrogène sont victimes d’un succès incroyable avec plusieurs centaines de millions d’euros levés pour un chiffre d’affaires de quelques millions d’euros…

Ce qui donne des frissons, ce sont les fondamentaux… McPhy Energy enregistrait une perte nette de – 9,3 millions d’euros en 2020 et sa capitalisation boursière s’élève en juin 2021 à 580 millions d’euros ! De son côté HRS (Hydrogen-Refueling-Solutions) vaut 664 millions d’euros, quand la société perd 1 million d’euros par an.

Plus récemment, Hydrogène de France, société bordelaise spécialisée dans l’hydrogène-électricité s’est introduite en Bourse. L’entreprise a levé 132 millions d’euros, et est valorisée à plus de 400 millions d’euros. Or, la société génère des bénéfices de 0,4 million d’euros par an en 2020 et un chiffre d’affaires de 2,6 millions d’euros. Il s’agit donc de multiples de valorisation de 154x le chiffre d’affaires et de 1000x les bénéfices…

En conclusion, toutes ces sociétés valent des millions mais aucune n’a les fondamentaux financiers qui justifient ces niveaux. Et c’est précisément la définition d’une bulle spéculative.

Un environnement macro économique très propice aux bulles




Les stimulations des banques centrales dans l’économie abreuvent les investisseurs de liquidité. Par le quantitative easing (QE), la banque centrale rachète des titres de dette aux banques commerciales pour les encourager à prêter aux entreprises. C’est notamment ce qui finance le fameux “quoi qu’il en coûte ». Le taux d’investissement augmente donc naturellement dans l’économie. En outre, l’investissement dans un monde de taux d’intérêt bas favorise la prise de risque pour rechercher du rendement. Les marchés actions et l’immobilier sont privilégiés par rapport aux obligations. Les investisseurs se positionnent dans des actifs de plus en plus risqués et l’excès de liquidité favorise les bulles spéculatives sur ces marchés.

Le QE est donc moteur de la spéculation et de la création des bulles. Sur le court terme, il n’est pas prévu de remonter les taux d’intérêt ou d’inverser la politique de QE en Europe.

Source des images : Freepik

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