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Faut-il investir en Allemagne ?

Faut-il investir en Allemagne ?




Bénéficiaire du retour des investisseurs sur les marchés européens, le DAX a progressé de 25 % en 2013. Tous les secteurs ne seront pas égaux dans l’ascension attendue en 2014.

Le DAX n’est autre que l’indice principal du marché allemand des actions, c’est-à-dire l’équivalent du CAC 40 de l’autre côté du Rhin. En 2013, il a enregistré une impressionnante progression : un peu plus de 25 %, légèrement supérieure à celle du CAC 40 : 22 % (dividendes nets réinvestis).

Le DAX a bénéficié, comme ses compères européens depuis 2012, “du retour des investisseurs, lui-même accentué par le ralentissement des économies émergentes”, rappelle Catherine Garrigues responsable de la gestion actions européennes chez Allianz Global Investors. “Ce ralentissement, combiné à un retour de la confiance dans l’économie européenne, a entraîné une hausse des multiples de valorisation”, poursuit-elle (voir Price to earnings ratio). En d’autres mots, la demande en actions allemandes a augmenté, ce qui a fait progresser le prix des actions.

Le DAX favorisé par ses valeurs de croissance

Mais là où le CAC 40 talonne le DAX en 2013, grâce au rebond des valeurs bancaires, nombreuses dans la composition de l’indice français, le DAX avait pris une nette avance dès 2012, enregistrant une hausse de 29 % contre 20 % pour le CAC. “Sur cette période, la performance du DAX est venue des valeurs de croissance, et des valeurs internationales (BMW, BASF, Bayer, Adidas, SAP…) et dans une moindre mesure, des télécoms (opération de fusion/acquisition de Deutsche Telecom aux Etats-Unis en 2013). Le CAC ne disposant pas de valeurs équivalentes en nombre suffisant, il n’a pas connu la même progression”, explique Catherine Garrigues.

En matière de composition de l’indice, cette spécialiste des actions européennes précise que le secteur de l’industrie détient un poids plus important au sein du DAX, mais que ni celui-ci ni le CAC 40 ne représentent fidèlement l’économie de leurs pays respectifs : “les grandes entreprises qui composent le CAC 40 et le DAX sont plus actives à l’international que sur leur marché national”.

Malgré ce constat, la bonne santé de l’économie allemande et le dynamisme de ses exportations se ressentent dans la performance de l’indice actions. Leader économique – et politique – de l’Union européenne, l’Allemagne est fréquemment citée en exemple pour son excédent commercial, qui démontre la qualité de ses produits et sa compétitivité, et pour sa maîtrise du taux de chômage, inférieur à 6 %. Il semble donc logique que le marché des actions relaie ces forces dans un sentiment de confiance. Mais comment l’Allemagne a-t-elle réussi là où la France n’en prend toujours pas le chemin ? Catherine Garrigues évoque “ suite à la réunification, une phase de désindustrialisation et d’envolée des coûts sociaux”. C’est suite à cette période délicate que l’Allemagne s’est employée “à restaurer sa compétitivité à partir de 2005”. Néanmoins, du fait de la crise, “ses efforts – flexibilité du marché du travail, maîtrise des coûts – n’ont payé qu’à partir de 2009”. Depuis lors, cette compétitivité restaurée fait de l’Allemagne la locomotive économique de l’Union européenne.

Un nécessaire rééquilibrage de la croissance

Selon l’OCDE,  la croissance économique, portée par la demande intérieure, devrait se confirmer selon les prévisions. La progression des salaires réels et la faiblesse du chômage devraient concourir à la hausse de la consommation tout en confortant la confiance dans la reprise au sein de la zone euro, et la faiblesse des taux d’intérêt devrait être un facteur de stimulation des dépenses d’investissement.

Tout est donc pour le mieux. Il reste que cet excédent commercial structurellement supérieur à 6-7 % révèle, selon le FMI et la Commission européenne, des déséquilibres intérieurs que le pays se doit de prendre en compte à la fois pour lui-même et pour le reste de l’Union. Il doit ainsi principalement rééquilibrer les facteurs de croissance au profit de la demande intérieure.

C’est d’ailleurs ce que commence à s’employer à faire le gouvernement de coalition au pouvoir depuis fin 2013. “L’instauration d’un salaire minimum de 8,50 € l’heure à partir de 2015 est censée y contribuer, ainsi que des mesures pour favoriser le travail des femmes”, nous informe Catherine Garrigues. Cependant, des facteurs structurels font contrepoids, telle qu’une “population vieillissante, frein évident à la consommation, et la persistance de stéréotypes qui peuvent pénaliser l’investissement des femmes dans leur carrière professionnelle”.

Les effets de ces mesures tournées vers la consommation intérieure ne seront donc pas visibles dans l’immédiat et il faut s’attendre, selon la spécialiste d’Allianz GI, à une poursuite de la même tendance économique en 2014. Les exportations devraient donc encore tirer la croissance allemande, même si le ralentissement dans les pays émergents peut légèrement les affaiblir. La zone euro devrait ensuite fournir de nouveau des débouchés, tandis que les réformes structurelles visant à déréglementer l’exercice des professions libérales, à supprimer les obstacles à l’emploi des femmes à temps plein et à améliorer encore l’accès à l’enseignement supérieur contribueront vraisemblablement à consolider la croissance à horizon 2015.

Des perspectives boursières favorables

Au vu de cette conjoncture économique favorable, Catherine Garrigues conçoit positivement l’évolution du DAX en 2014. Cependant, l’amélioration des résultats des entreprises doit impérativement prendre le relais de la hausse des multiples de valorisation, ce qui est le cas pour toutes les Bourses occidentales. Or il est difficile d’identifier des secteurs qui connaîtront une véritable croissance en 2014, excepté “les banques et les technologies, surtout dans les services informatiques où l’investissement accuse un retard certain”. Pour l’experte en actions, les autres secteurs – utilities, télécoms, matières premières – ne présentent pas, d’un point de vue général, des conditions propices à une forte croissance de l’activité. Il s’agit donc de rechercher les valeurs attractives au cas par cas.

Si Catherine Garrigues se montre dubitative à l’égard des perspectives de croissance du secteur des télécoms par exemple, l’équipe de gestion du compartiment en actions allemandes de la sicav luxembourgeoise Julius Baer Multistock affirme dans son rapport de décembre 2013 que la surpondération de ce secteur associée à la sous-pondération des services aux collectivités s’est révélée judicieuse. Elle prévoit donc de maintenir ce positionnement jusqu’à nouvel ordre. Ce même reporting précise que la gestion du compartiment met l’accent sur les entreprises tirant profit de la vigueur du marché intérieur, dans la mesure où les dépenses de consommation privées devraient notamment fournir des impulsions positives en 2014.

Nadège Bénard

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