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Le surendettement, ce mal pernicieux

Le surendettement, ce mal pernicieux




L’endettement total (public et privé) des pays industrialisés dépasse désormais 350% de leur PIB. Le monde a certes connu des épisodes critiques d’endettement, mais les victimes étaient des régions périphériques.Cette fois-ci, c’est le cœur même du système économique mondial qui est touché : Etats-Unis, zone euro, Grande Bretagne, Japon. Même la Chine commence à inquiéter (système bancaire opaque, bulle immobilière, etc.). Aujourd’hui, nous examinerons uniquement le surendettement public.

Le Japon, champion de l’endettement

Le Japon remporte la palme avec 200% du PIB, mais 94% des investisseurs de titres japonais étant des résidents, le désendettement pourra être mené d’une façon relativement simple en spoliant les nationaux qui, par ailleurs, sont censés avoir profité directement de la gabegie de l’Etat nippon. Celui-ci, dans le même temps, devra continuer à combattre la déflation qui règne au Japon depuis plus de 20 ans.

Autant dire que l’avenir de ce pays semble définitivement compromis et ce n’est pas les prévisions démographiques, considérées comme catastrophiques, qui vont venir soulager l’économie nippone.

La zone euro plombée par la Grèce

En ce qui concerne la zone euro, le cas de la Grèce apparaît également désespéré. Avec environ 200% d’endettement, avant prise en compte de la restructuration de la dette privée, ce pays est rentré dans une spirale négative (récession de 6% en 2011 et de 4% en 2012 ; déficit budgétaire de 8% ; fuite des capitaux), dont il ne pourra pas sortir, tant qu’il disposera d’une monnaie, l’euro, surévaluée d’au moins 40%, au regard des structures économiques de la Grèce.

Quant au Portugal, il est en train de suivre l’exemple grec et ne devrait pas tarder à redemander l’aide de la BCE et du FMI.

L’Italie prochaine sur la liste

Le prochain sur la liste est l’Italie. Avec un endettement de plus de 120% du PIB, ce pays est obligé de consacrer un montant croissant de ses recettes publiques à la charge de sa dette, alors que la cure d’austérité imposé par Mario Monti mène l’Italie à la récession, sans pour autant rétablir l’équilibre budgétaire. Notons également que plus de 50% des investisseurs d’obligations italiennes sont des non-résidents.

Et l’on pourrait continuer avec d’autres pays. L’Espagne, par exemple, dont l’endettement public atteint « seulement » 70%, risque de voir sa dette grimper rapidement, d’une part, parce que celle-ci est sous-évaluée (en particulier, au niveau des collectivités locales) et, d’autre part, en raison d’une croissance du déficit budgétaire, à rebours des autres pays de la zone.

Si on ajoute à cela le chômage (plus de 23% de la population) et l’éclatement de la bulle immobilière, en cours de réalisation, et ses conséquences sur le secteur bancaire espagnol, on a tout lieu d’être inquiet.

Quant à la France (je réserve cette analyse pour un prochain édito), la proximité de l’élection présidentielle, avec ses surenchères de dépenses, ne va pas améliorer la situation (dette publique proche de 90% du PIB ; déficit budgétaire au-dessus de 5%).

Les Etats-Unis, un cas particulier

Le cas des Etats-Unis est particulier. Avec une dette de 85% du PIB et un déficit budgétaire colossal, ce pays est un candidat certain pour entrer dans la liste des Etats surendettés.

Mais les Américains bénéficient d’un gros avantage : le dollar, monnaie internationale incontournable. Ce privilège leur permet d’envisager un rétablissement financier, en étalant les mesures de rééquilibrage de leur budget sur une longue période, quitte à laisser le dollar se déprécier.

Le caractère délétère du surendettement

Pour terminer cet éditorial, on insistera sur le caractère délétère du surendettement : c’est une sorte de drogue, dont les effets ne se font sentir que lorsqu’il est trop tard ; la confiance des investisseurs s’évapore alors très rapidement, puis vient l’heure des bilans : les agences de notation dégradent les acheteurs d’obligations publiques, exigent d’abord des rémunérations plus élevées pour couvrir le risque, puis refusent de refinancer les dettes. C’est ainsi qu’arrivent le défaut de paiement et la restructuration.

A titre d’exemple, l’Argentine, qui a subi cette crise du surendettement en 2000-2001, a mis plus de 10 ans pour en sortir, et au prix d’une dévaluation du peso de plus de 60% !

En conséquence, il serait utile que nos candidats à la Présidence de la République aient en tête ces faits, de façon à s’attaquer à notre surendettement avant qu’il ne soit trop tard.

Bernard Marois
Professeur Emérite à HEC Paris
Président d’Honneur du Club Finance HEC