La Chine deuxième économie de la planète recèle d’opportunités pour les investisseurs, malgré quelques risques géopolitiques et financiers bien réels. Café de la Bourse vous présente tout ce qu’il faut savoir avant d’investir sur le marché chinois : contexte économique, atouts et faiblesses de ce marché. Retrouvez également nos conseils pour investir avec succès dans les actions chinoises avec un focus sur les secteurs et actifs à privilégier.
Chine : une économie à la croissance insolente
Économie chinoise : le fruit d’un travail
laborieux
Les importantes réformes mises en œuvre depuis 1978 ont payé. Comme le souligne Stéphane Monier, Responsable des investissements Lombard Odier Private Bank, « l’économie chinoise a enregistré une progression moyenne annuelle de près de 10 % jusqu’en 2014, faisant ainsi sortir 800 millions de personnes de la pauvreté, une évolution sans précédent ». Les autorités tablent sur une croissance d’environ 6,5 % pour cette année, un chiffre en baisse qui s’explique par le vieillissement de la population et la diminution des gains de productivité mais un chiffre aussi dont tous les pays développés rêvent.
La Chine est aujourd’hui le deuxième marché boursier mondial puisque le marché domestique chinois pèse 7 000 milliards de dollars et représente 10 % de la capitalisation boursière mondiale.
Le revers de la médaille d’une croissance effrénée
La croissance effrénée de la Chine a aussi eu des effets désastreux sur le pays : pollution, inégalités de développement très nettes entre l’Est et l’Ouest, les campagnes et les villes, mais aussi un développement insuffisant et en décalage du système bancaire comme des institutions judiciaires. L’effervescence du marché immobilier dans les villes a également été problématique. Enfin, on constate « un déséquilibre net par rapport au reste de l’économie mondiale, même s’il est en faveur de la Chine » précise Stéphane Monier.
La Chine : créancier net du monde
La croissance a un prix à payer certes mais désormais, la Chine possède une économie plus équilibrée, une croissance toujours élevée et surtout, est en position de force, se dévoilant comme « créancier net du monde » pour reprendre l’expression de Stéphane Monier qui souligne que l’Empire du Milieu affiche « d’importants excédents commerciaux et de la balance des opérations courantes. [La Chine] peut également se targuer d’avoir des entreprises impressionnantes qui ouvrent la voie dans les secteurs de la nouvelle économie, tels que les commerces en ligne, les énergies renouvelables et les voitures électriques.
La Chine possède ses propres GAFA : les BAT, pour Baidu Alibaba Tencent. Baidu est en quelque sorte le Google chinois. Ce moteur de recherche est le plus populaire de Chine, en faisant un poids lourd de la publicité en ligne. Il propose également de très nombreux services liés au web : cartes numériques, informations, cloud, chaînes de télévision mais aussi livraison de nourriture à domicile. Baidu se penche également sur l’intelligence artificielle et travaille à sa propre voiture autonome, comme Google. Alibaba, géant du e-commerce chinois, est une sorte d’Amazon mais implanté dans le pays du monde ayant le plus grand marché de l’e-commerce (le commerce de détail n’est pas aussi développé que dans les pays occidentaux). Tencent, le Facebook chinois est le 2ème plus grand réseau social du monde (derrière son grand frère américain) dont il a su se démarquer en assumant son côté couteau-suisse. Il s’agit en réalité plutôt d’un mélange de Facebook, LinkedIn, WhatsApp, ApplePay, Google actu et bien d’autres.
Géopolitique et économie : d’importants défis à relever
Réussir à s’imposer dans une zone de conflits régionaux
La Chine est située dans une zone du monde particulièrement exposée aux conflits régionaux où 3 des plus grandes puissances mondiales (États-Unis, Chine et Japon) se heurtent à la Corée du Nord dont il est très difficile de savoir quelles seront les prochaines actions coup de poing. D’autre part, les litiges en mer de Chine restent un élément problématique de la région. Dans ce contexte, la Chine exerce une « diplomatie du carnet de chèque » qui pourrait « apaiser les inquiétudes de certains de ses voisins du Sud comme les Philippines, quant à son expansion en mer de Chine méridionale » explique Stéphane Monier.
Se positionner comme un pays exportateur contre le protectionnisme
La Chine dans un monde où le protectionnisme a la cote souhaite elle s’imposer comme un pays d’export. La Chine prend le contrepied du protectionnisme affiché par Donald Trump : « quand les États-Unis mettent un pied en dehors de la mondialisation, la Chine elle intensifie ses échanges » explique Jie Lu, Head of Research China, Robeco. Et la situation économique mondiale, meilleure qu’attendue favorise encore les velléités exportatrices de la Chine.
Le marché de l’export, répartition entre les pays
L’initiative « One Road One Belt » voulue par le Président Xi Jinping démontre encore une fois la volonté de la Chine de développer ses exportations. Ce programme prévoit la mise en place de nombreuses infrastructures permettant de relier la Chine à l’Europe par voies terrestres et maritimes, afin de constituer un réseau sans précédent d’échanges commerciaux et d’investissement. « C’est une initiative très importante du point de vue politique mais aussi du point de vue économique. Cela stimulera forcément les échanges commerciaux entre la Chine et l’Europe » souligne Jie Lu.
« One Belt, one road » le chantier d’envergure du président Xi Jinping pour renforcer les échanges avec l’Europe
La Chine est également à l’origine d’un partenariat économique régional global en Asie, le RECP (Regional Comprehensive Economic Partnership) offrant un cadre de libre échange à la région.
Maîtriser la dette chinoise
La dette chinoise est l’un des problèmes les plus souvent évoqués lorsque l’on parle des limites de la 2ème économie mondiale. Et pour cause, « en 2016, cette dette contractée majoritairement par les entreprises et les ménages a dépassé 250 % du produit intérieur brut » souligne Stéphane Monier, Responsable des investissements, Lombard Odier Private Bank. Chez Robeco, on préfère rester optimiste et Jie Lu, Head of Research China lors de la conférence de presse du 15 juin 2017 à Paris Actions chinoises classe A : tendances de marché et opportunités insistait sur « l’importance de la dette de sociétés non financières ».
Le niveau de la dette chinoise en comparaison avec d’autres grandes puissances économiques
En outre, il précisait également que « l’État possède des leviers forts pour réduire la dette, leviers dont il s’est déjà servi ces dernières années ; et d’ailleurs la dette a déjà commencé à se réduire ».
La réduction du taux de prêts non performants par les banques chinoises sur les deux dernières années
D’autre part, il est important de souligner que la dette est en grande partie financée par un haut niveau d’épargne.
Dette et épargne : 2 composantes très liées de l’économie chinoise
Comment profiter de la croissance chinoise ?
2 principales manières d’investir en Chine
Il existe deux façons d’investir sur le marché chinois :
- le marché off-shore, essentiellement constitué d’actions H, catégorie qui regroupe les actions chinoises cotées à Hong-Kong et qui représentent 26% du marché chinois environ. Il est détenu à 65% par des investisseurs institutionnels.
- le marché onshore ou domestique constitué des actions A qui regroupe les actifs cotés à Shanghai et Shenzhen et qui représente quasiment les trois-quarts du marché (chinois). Il est lui détenu à 87% par des investisseurs particuliers.
Le marché chinois s’est ouvert aux investisseurs locaux et domestiques en 1990. Les investisseurs étrangers ont pu peu à peu investir ce marché grâce aux systèmes de quotas tels que le Qualified Foreign Institutional Investor (QFII). « Depuis peu, grâce au programme de connexion boursière entre Hong Kong, Shanghai et Shenzhen les investisseurs étrangers échangent beaucoup plus facilement leurs actions sur chaque marché par l’intermédiaire des chambre de compensation et des courtiers locaux » explique Robeco.
L’augmentation du nombre d’investisseurs étrangers sur la marché actions A chinoises ne fait que se confirmer. Jie Lu, Head of Research China, Robeco souligne : « il est tout à fait normal que cela prenne du temps pour les étrangers d’investir peu à peu ce marché. On se retrouve dans la même situation que lors de l’ouverture du marché de Taïwan aux étrangers. »
L’intérêt croissant des actions A chinoises
Même si le marché A est plus difficile d’accès pour les investisseurs étrangers, il serait dommage de le négliger car il présente des avantages de taille. On retiendra notamment sa faible corrélation avec les autres marchés mondiaux, « ce qui en fait un outil précieux en matière de diversification des portefeuilles et des risques » comme le souligne Jie Lu, Head of Research China chez Robeco. De plus, il est à noter que le marché chinois des actions A présente une diversité de thèmes bien plus importante que celui des actions off-shore.
Les marchés financiers ne s’y trompent pas et ont bien perçu l’intérêt des actions A. Ainsi, l’indice MSCI Emerging Markets qui affiche déjà une assez forte exposition à la Chine (actions H et actions d’entreprises chinoises cotées aux États-Unis) pourrait décider d’inclure des actions A en 2017. Cette décision devrait attirer de nouveaux capitaux.
Robeco se dit « optimiste quant aux perspectives des actions A chinoises » au regard des bons résultats publiés en 2016 et au premier trimestre 2017 (+21,5% par rapport à l’année précédente). Les estimations 2017 sont également très satisfaisantes (par rapport à 2016, croissance de résultats attendue de 19% pour les valeurs de Shanghai et de 38% pour celles de Shenzen).
Quels secteurs et actions privilégier en Chine ?
Il peut être pertinent de développer une stratégie thématique centrée sur des questions d’investissement macro spécifiques liées aux évolutions politiques, démographiques, économiques et sociales en Chine. Le pays opère une transition vers une économie plus équilibrée basée sur la consommation et les services.
L’économie chinoise vers un nouvel équilibre faisant la part belle à la consommation
La croissance de la Chine est aujourd’hui portée par une forte augmentation de la classe moyenne qui possède un certain pouvoir d’achat, booste la consommation et participe au boom des services, mais aussi par les nouveaux citadins qui quittent la campagne pour s’installer en ville, entraînant ainsi une forte croissance du secteur de la construction et de l’immobilier. Le vieillissement de la population conduit à une croissance importante du secteur pharmaceutique et de la santé en général.
Le secteur des nouvelles technologies
Les industries des nouvelles technologies sont particulièrement intéressantes, on pensera notamment aux entreprises spécialisées dans les smartphones. La Chine n’est pas seulement le plus gros consommateur de smartphones du monde mais aussi le plus gros constructeur. Ainsi, 7 des plus gros constructeurs de smartphones sont chinois. On peut notamment citer Huawei, Oppo, Xiaomi ou encore Vivo.
L’importance de l’industrie chinoise dans le secteur des smartphones
Cette position, elle la doit à ses entreprises spécialisées mais aussi au gouvernement. Liying Du, Portfolio Manager Chineses Equities Robeco, explique « Les 3 opérateurs téléphoniques chinois sont tous propriétés de l’État et il y a eu un véritable effort de leur part pour mettre en place le meilleur réseau possible. Cela a aidé tout le secteur : du fabricant de smartphone aux concepteurs et développeurs d’applications ». La Chine est également très en avance sur les nouvelles technologies liées au mobile grâce à des sociétés comme Tencent qui rassemble des activités de jeux en réseaux sur mobile, des applications de dating, de messagerie mais aussi des réseaux sociaux, des portails web, des jeux en ligne et un service de messagerie instantané nommé WeChat. Baidu Wallet propose des solutions de paiement mobile, pratique largement répandue en Chine.
Le secteur pharmaceutique
Le marché de la santé sera l’un des facteurs clé du PIB dans les années à venir, notamment en raison du programme « Healthy China 2030 » voulu par le président Xi Jinping qui vise à faire croître l’industrie pharmaceutique et le secteur de la santé. « Les politiques récentes ont considérablement accéléré la consolidation du marché, bénéficiant aux grandes sociétés pharmaceutiques avec de fortes ressources en R&D et d’importantes équipes commerciales » explique Liying Du. On peut notamment citer China Biologic Products Inc ou encore Sunny Optical.
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