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Bernard Marois, Président du Club Finance HEC

Bernard Marois, Président du Club Finance HEC




Pouvez-vous nous parler du Club Finance HEC ?

Ce club, que j’ai crée en 1981, comporte plus de 250 adhérents, professionnels de la finance (Directeurs financiers, trésoriers, dirigeants de banque ou de cabinets de conseil, universitaires, etc.). Seul 40% d’entre eux sont d’anciens HEC, l’adhésion s’effectuant par cooptation.

Les activités du Club tournent autour de 3 axes : des déjeuners-débat avec des personnalités de premier plan (nous avons reçu récemment Patricia Barbizet, Directeur Général d’Artemis) ; des conférences sur des thèmes d’actualité (la prochaine porte sur la « finance comportementale ») ; des Groupes de travail ( finance et développement durable ; valorisation du capital immatériel » etc). Par ailleurs, nous publions des études sur des thèmes plus techniques (LBO, titrisation, Private Equity, etc) réservées uniquement à nos membres.

Ajoutons, pour terminer, que le club permet la mise en relation entre ses membres, par effet de réseau, grâce justement au dynamisme du site, largement alimenté par les adhérents.

Quel regard portez-vous sur la crise actuelle ?

Si le diagnostic des origines de la crise est maintenant bien établi : les excès du financement de l’immobilier américain (crédits subprimes), les causes premières du désastre ne sont pas toujours suffisamment évoquées ; les erreurs dévastatrices d’Alan Greenspan qui a noyé les marchés financiers sous des milliards de liquidité ont largement facilité la spéculation et donc les dérives que l’on a connues.

En outre, le gouvernement américain en pratiquant une dérèglementation généralisée, a jeté de l’huile sur le feu. Les solutions proposées aujourd‘hui vont plutôt dans le bon sens. Il est en effet indispensable de sauver le secteur bancaire et de soutenir l’investissement, quitte à augmenter l’endettement des Etats.

Ceci étant, il faudra améliorer le consensus international dans le règlement de cette crise, de façon à éviter le protectionnisme, qui serait une catastrophe. Il faut également mieux encadrer certains secteurs de la finance, tels que les hedge funds, les produits dérivés de gré-à-gré et s’attaquer aux paradis fiscaux.

Nous dirigeons-nous vers une crise à la japonaise ?

Nous allons cheminer, ces prochaines années, entre deux précipices : la déflation et l’inflation.

La déflation serait une généralisation de la situation japonaise à l’ensemble des pays développés. Ce risque existe et serait mortel (nous ne sommes sortis de la déflation des années 1930 que par la guerre !).

Le second, l’inflation, est désagréable, dans la mesure où il fait de nombreux perdants (rentiers, retraités, prêteurs), mais l’inflation est plus facile à résorber que la déflation : c’est l’expérience des années 1980 où les pays industrialisés ont réussi à faire retomber le taux d’inflation de 15% à 2% en quelques années.

Comment éviter la déflation ?

Tout d’abord, il faut rétablir la confiance dans le système bancaire ; ensuite il est nécessaire de procéder à des investissements immédiatement utiles (grands travaux, nouvelles technologies, etc), de façon à freiner l’augmentation du chômage et donc la chûte du pouvoir d’achat global.

Enfin, il faut s’efforcer de maintenir des taux d’intérêt réels positifs et éviter une baisse des prix conséquente : c’est ce que la BCE a réussi à assurer, jusqu’à présent.

Il est clair que les Etats-Unis, avec des taux d’intérêt nominaux proche de zéro et une baisse des prix forte de certains actifs (immobilier, par exemple) sont plus vulnérables que l’Europe à une éventuelle déflation.

Les plans de relance vont-ils être efficaces ?

C’est évidement la grande question. Je suis hostile à une relance de la consommation, à travers des baisses de TVA (qui favorisent les produits importés) ou le versement de cash (qui risque d’être thésaurisé).

Je suis en revanche, favorable à une relance par l’investissement, ainsi que je l’ai indiqué précédemment, à condition que celui-ci soit déclenché rapidement, ce qui ne peut être le cas, avec les grands travaux compte tenu des contraintes bureaucratiques que nous connaissons en France.

Bien sûr, une coordination internationale ne peut être que positive, en matière de relance. De ce point de vue, l’Europe peut mieux faire !

Où faut-il investir en 2009 ?

On peut citer les secteurs qui bénéficient d’une relance par les investissements : les travaux publics, les utilities liées à l’environnement (l’industrie green tech par exemple), les industries innovatrices, en particulier celles s’appuyant sur internet.

On rajoutera le secteur agro-alimentaire (la nourriture reste une dépense incontournable, même en temps de crise) et certaines niches de l’industrie du luxe (les milliardaires étant moins sensibles à la crise que le consommateur moyen).

Les secteurs perdants sont évidement nombreux, à commencer par les biens d’équipements lourds ou les biens de consommation durables (automobiles, matériel électroménager, etc).

Bernard Marois est Président Club Finance HEC.