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Quatre idées reçues sur l’économie

Quatre idées reçues sur l’économie




Le gaspillage qui stimule l’économie, la technologie qui tue l’emploi, la dépense publique qui relance l’économie, les droits de douane qui la protègent. Avec l’aide de Frédéric Bastiat, tordons le cou à quatre idées reçues en économie.

La vitre cassée

Que deviendraient les vitriers si on ne cassait jamais de vitres ?

Un jeune garçon casse la vitre du boulanger. Et les badauds assemblés autour du boulanger s’empressent de le consoler par ces mots : « C’est un mal pour un bien. Ce genre d’accidents fait tourner l’économie et vivre le commerce. Que deviendraient les vitriers si on ne cassait jamais de vitres ? »

Derrière cette formule se cache toute une théorie, qu’il est bon de prendre en flagrant délit dans ce cas très simple, car c’est précisément cette théorie qui justifie la plupart des politiques économiques keynésiennes de nos gouvernements.

Faisons le bilan complet économique de cet accident.

La vitre étant cassée, l’industrie vitrière est encouragée à hauteur de 100 euros. C’est ce qu’on voit.

Si la vitre n’avait pas été cassée, le secteur de la cordonnerie (ou tout autre) aurait été encouragé de 100 euros. C’est ce qu’on ne voit pas.

Si l’on prend en compte ce qui se voit ET ce qui ne se voit pas, on voit bien que l’économie en général n’a aucun intérêt à ce que des vitres se cassent, bien au contraire.

Dans la première hypothèse, celle de la vitre cassée, le boulanger dépense 100 euros, et n’a ni plus ni moins qu’une vitre, comme avant.

Dans la deuxième hypothèse, celle où l’accident ne serait pas arrivé, il aurait dépensé 100 euros pour une paire de chaussures, et aurait eu non seulement la jouissance d’une paire de chaussures mais aussi celle d’une vitre.

Bilan des courses : l’économie en général s’est appauvrie de la valeur de la vitre cassée.

Conclusion : la société perd la valeur des objets inutilement détruits. Autrement dit : destruction n’est pas profit.

La dépense publique stimule l’économie

Ne vous est-il jamais arrivé d’entendre dire :

« La dépense publique est comme une rosée fécondante. Voyez combien de familles il fait vivre, et suivez, par la pensée, ses ricochets sur l’industrie : c’est l’infini, c’est la vie. »

Les avantages évidents que les fonctionnaires trouvent à la dépense publique, c’est ce qu’on voit. Le bien qui en résulte pour leurs fournisseurs, c’est aussi ce qu’on voit.

Mais le désavantage des contribuables, c’est ce qu’on ne voit pas. Et le dommage qui en résulte à leurs fournisseurs, c’est encore ce qu’on ne voit pas.

Si un fonctionnaire peut dépenser 100 euros de plus, cela implique nécessairement qu’un contribuable dépense, lui, 100 euros de moins. C’est seulement que la dépense du fonctionnaire se voit, parce qu’elle a lieu, alors que celle du contribuable ne se voit pas, parce qu’elle est empêchée.

L’impôt est souvent comparé à une pluie féconde sur l’économie asséchée. Mais demandons-nous seulement quelles sont les sources de cette pluie et si ce n’est pas justement l’impôt qui pompe l’humidité du sol et l’assèche.

Pour protéger l’industrie nationale, taxons les produits importés

« Si vous mettez un impôt sur les vaches, ce ne sont pas les vaches qui paient les impôts. » – proverbe breton

« La libre concurrence n’existe que s’il y a égalité de coûts et des conditions de production. Si un producteur étranger peut produire moins cher, taxons-le pour rétablir la libre concurrence. Dans les courses de chevaux, on fait en sorte que tous aient à porter le même fardeau, sans quoi il n’y pas de vraie concurrence. Dans le commerce, c’est la même chose. »

C’est un argument classique des protectionnistes, qui comparent les échanges commerciaux aux courses hippiques. Mais au turf, la course est à la fois le moyen et le but. Si l’unique but est de savoir quel cheval court le plus vite, il va de soi qu’il faut égaliser les fardeaux. Les spectateurs ne prennent aucun intérêt à la lutte en dehors de la lutte elle-même.

Mais si vous avez pour but de faire parvenir une lettre urgente, pourriez-vous, sans inconséquence, créer des obstacles au cheval qui vous offre les meilleures conditions de vitesse ? C’est pourtant ce que proposent les protectionnistes dans le commerce. Car ils oublient le véritable résultat recherché, qui est le bien-être des innombrables consommateurs. Ce bien être général est volontairement sacrifié au profit d’un petit nombre de producteurs.

On a vu récemment ce principe évoqué par les opérateurs mobiles français à l’encontre de la concurrence de Free Mobile.

La technologie et la mécanisation détruisent des emplois

« Les machines, les robots, enlèvent du travail à des millions d’ouvriers, les privant de salaire, les privant de pain. Maudites soient les machines ! »

Nous travaillons tous dur pour gagner notre vie. Nous cherchons donc tous la bonne affaire, le bon marché, que ce bon marché provienne d’un producteur étranger habile ou d’un producteur mécanique. L’objection théorique est la même dans les deux cas.

Illustrons le propos par un exemple concret. Martin Dubois a deux euros, qu’il fait gagner à deux ouvriers. Un beau jour, il met au point une machine qui diminue de moitié le travail nécessaire. Il obtient donc la même production, épargne un euro, et licencie un ouvrier. Il licencie un ouvrier : c’est ce qu’on voit.

Ne voyant que cela, on entend souvent dire :

« Et voilà ! Le progrès technique a condamné un ouvrier à la pauvreté et à l’exclusion. Martin Dubois continuera peut-être à faire travailler deux ouvriers, mais il les paiera une misère, car ils se feront concurrence. C’est comme ça que les riches deviennent toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres. Il faut changer toute la société. »

Cette conclusion est fausse, bien heureusement, car derrière cette moitié de phénomène qu’on voit il y a l’autre moitié, qu’on ne voit pas. On ne voit pas l’euro épargné par Martin Dubois et les effets de cette épargne.

S’il existe dans le pays un ouvrier aux bras inoccupés, il existe aussi dans le pays un capitaliste qui offre son euro inoccupé. Ces deux éléments se rencontrent et se combinent.

L’invention et un ouvrier, payé avec le premier euro, produisent la même chose que produisaient auparavant deux ouvriers. Le deuxième ouvrier, avec le deuxième euro, réalise quelque chose de nouveau.

Bilan : à travail et à capital égal, il y a une satisfaction de plus. Autrement dit, l’invention a apporté un profit gratuit à l’humanité.

Et vous, quelles idées reçues entendez-vous le plus souvent autour de vous ? Que leur répondez-vous ?

Laurent Curau


Sources :