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Frédéric Lorenzini, Directeur de la Recherche chez Morningstar

Frédéric Lorenzini, Directeur de la Recherche chez Morningstar




Quel est le rôle de Morningstar ?

Le métier de Morningstar est d’apporter de l’information et des analyses sur les fonds aux investisseurs, qu’il s’agisse d’investisseurs individuels ou d’investisseurs institutionnels. Mais il est vrai que notre parti pris est d’avoir un discours compréhensible par le plus grand nombre afin d’être réellement utile aux particuliers.

Bien sûr nous utilisons les outils et les statistiques classiques de la finance (Sharpe, Sortino, Calmar, analyse de style par les rendements, etc) mais surtout nous avons conçu et développé des outils très intuitifs, comme par exemple la Boîte de Style, afin que l’on puisse mieux appréhender le positionnement d’un fonds.

Je suis tenté de dire que l’on peut assez facilement faire des choses très complexes destinées à un public de professionnels et de spécialistes, mais que la valeur ajoutée de l’analyse passe aussi par la capacité à communiquer de façon claire et accessible.

A coté de l’analyse des fonds qui est son métier depuis la création de l’entreprise en 1984, Morningstar a développé à partir du début des années 2000 une activité de recherche actions, d’abord aux Etats-Unis. Cela se traduit par une équipe de plus de 150 analystes au niveau mondial au service des investisseurs.

Ainsi aux Etats-Unis nous avons plus de 180 000 abonnés à notre site internet qui tous les mois paient près de 15 dollars pour accéder à notre recherche. Cela complète 4 publications papier qui elles aussi sont vendues sur abonnement.

Quels sont les critères de notation des différents fonds ?

Il convient de distinguer clairement la notation quantitative à base d’étoiles de la notation qualitative conçue aux Etats-Unis au début des années 2000 et qui est en train d’être maintenant implémentée en Europe.

La notation quantitative est appliquée à tout fonds disposant d’au moins 3 ans d’historique. En fait il existe selon l’historique du fonds, une note à 3 ans, une note à 5 ans et une note à 10 ans.

Enfin, une note “overall”, globale, fait la pondération de ces 3 notes. La notation quantitative est recalculée tous les mois pour l’ensemble des catégories sauf celles bien sûr que nous ne notons pas car elles ne semblent pas notables, c’est le cas par exemple des fonds garantis.

La notation quantitative à base d’étoiles est fondée sur le couple rendement/risque. Pour chaque fonds d’une catégorie donnée on calcule un score de performance pondérée du risque, déduction faite des frais de souscription. Les 10% de fonds obtenant le meilleur score sont notés 5 étoile, à l’inverse les 10% du bas sont notés 1 étoile. La distribution des étoiles adopte une forme en cloche : 22,5% des fonds en dessous de 5 étoiles reçoivent 4 étoiles, 3 étoiles pour les 35% suivant, 2 étoiles pour les 22,5% suivant.

Il faut garder à l’esprit que la notation quantitative est une notation relative. Cela signifie que dans toute catégorie notée il y a en permanence des fonds notés 5 étoiles et des fonds notés 1 étoile.

Avec la notation qualitative, l’approche est résolument différente puisqu’il s’agit d’une notation à forte valeur ajoutée humaine alors que la notation quantitative applique tous les mois, via ordinateur, un modèle.

Quels sont alors les critères ?

L’analyse qualitative est fondée sur 5 « P ».

Il s’agit bien sûr de la Performance, l’élément que recherche tout investisseur. Mais alors que la notation quantitative s’attache surtout à mesure et apprécier la performance, la notation qualitative veut comprendre d’où vient et comment se génère la performance.

D’où l’importance accordé au processus : le processus de gestion est-il clair, compréhensible, est-il cohérent et permet-il d’expliquer les performances du fonds ?

Bien sûr nous nous intéressons aux personnes, c’est-à-dire dire à l’équipe de gestion qui comprend le ou les gérants aussi bien que les analystes. A ce niveau plusieurs points sont pris en considération. Il y a bien sûr l’expérience de l’équipe mais aussi sa stabilité, la structure de sa rémunération (nous aimons par exemple savoir comment sont calculés les bonus des gérants).

Le quatrième P concerne la société de gestion elle-même, le parent.

Quant au cinquième « P », il désigne le prix de la gestion, les frais. Il s’agit aussi bien des frais de souscription que des frais de gestion et du TER (ndlr: Total Expense Ratio, les frais tout compris).

Cette analyse qualitative débouche sur une appréciation du fonds sur une échelle comptant 4 niveaux. La liste des fonds couverts est établie par l’équipe des 25 analystes européens en fonction de l’intérêt qu’ils accordent aux différents fonds. L’analyse n’est jamais payée par émetteur, la société de gestion, ce qui garantit l’indépendance de nos analystes.

Avez-vous identifié des points communs entre les fonds les plus performants ?

Je pense que la bonne, ou mauvaise, performance d’un fonds ne doit jamais s’apprécier sur une courte période mais au contraire sur une longue période couvrant idéalement plusieurs phases de marché.

Schématiquement, on peut dire que les fonds qui affichent de bonnes performances sur le long terme sont les fonds dont les gérants ont une discipline solide, qui sont capables par exemple de vendre lorsque leurs objectifs de cours sont atteints, ou de ne pas succomber aux effets de mode.

On constate d’autre part que les frais pèsent sur les performances à long terme. Lorsque tout va bien et que les marchés progressent de 7 à 14% par an, on a tendance à ne pas faire trop attention aux frais. Mais lorsque les marchés sont difficiles, le poids des frais peut devenir discriminant.

Quel regard portez-vous sur la crise actuelle ?

Nous faisons de l’analyse de fonds et de la recherche actions, pas d’analyse macro-économique. Donc en tant que tel nous n’avons pas grand-chose à rajouter à ce que de nombreux, et souvent brillants, économistes, ont déjà pu dire. Je suis tenté de dire que la question est de savoir si cette crise est comparable à celles que nous avons pu connaître au cours des 20 ou 30 dernières années ou si elle est plus profonde et touche d’autres monteurs.

Nous sommes en effet passés d’une crise touchant à l’origine un sous-segment des marchés financiers, le marché du crédit subprime américain, qui a déstabilisé l’ensemble de l’industrie financière mondiale ; puis en raison de la raréfaction du crédit, les opérateurs économiques.

La contagion s’est ensuite portée sur les commandes industrielles et la consommation des ménages. D’où une récession. Reste à savoir maintenant comment vont évoluer des pans entiers de l’industrie comme l’automobile. Il est permis de penser que dans ce secteur, gros pourvoyeur d’emplois, on va assister à une accélération des délocalisations qui auront pour effets de peser sur l’emploi et de renforcer les tendances récessionnistes.

Frédéric Lorenzini est directeur de la recherche chez Morningstar.