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Ne pas confondre vitesse et précipitation

Ne pas confondre vitesse et précipitation




Trois semaines après la mise en ligne de notre précédente chronique intitulée « les vertus anticipatrices des moyennes mobiles », un point d’étape s’impose compte tenu de l’importance du rebond des marchés boursiers depuis la deuxième semaine de mars. Entre le plus-bas de 2.465,46 points touché par l’indice CAC 40 dans la journée du lundi 9 mars et le meilleur niveau de 3.019,02 atteint vendredi dernier au début de l’après-midi, le redressement aura été de plus de 22 %, une reprise exceptionnelle par son ampleur en un laps de temps aussi court. Du coup, les trois objectifs que nous avions fixés le 16 mars et que nous jugions alors accessibles à court terme ont été franchis plus tôt que prévu : les deux gaps (trous de cotation) qui avaient été laissés à la baisse le 17 février, puis le 20 février, ont été ainsi comblés et la moyenne mobile à 50 jours (MM 50) a été de nouveau franchie à la hausse le 1er avril. Nous avions toutefois pris soin d’insister sur le double fait que la gravité de la crise mondiale et l’absence totale de visibilité sur les résultats à venir des entreprises empêchaient d’imaginer, pour le moment, des cibles plus ambitieuses, au-delà notamment de la barre psychologique des 3.000 points. Certes, ce cap a été dépassé le 3 avril, puis le 6 avril à l’occasion de deux phases d’emballement dont le marché a le secret. Mais, en confondant vitesse et précipitation, le marché a présumé de ses forces et s’est trouvé à deux reprises dans l’incapacité d’endiguer des dégagements bénéficiaires qui auront ramené le CAC 40 sous le niveau symbolique des 3.000 points. Ces deux échecs traduisent bien la fragilité persistante de la tendance face à un environnement toujours préoccupant en dépit de quelques petits signes d’amélioration à l’origine des dernières flambées spéculatives.

Ne pas confondre vitesse et précipitation

Si la prudence reste de mise, la reprise de ces trois dernières semaines aura au moins eu le mérite de prouver que les excès sont toujours au moins partiellement corrigés et de rappeler aux plus pessimistes qu’il ne sert à rien de désespérer de tout en permanence. Il n’empêche : une hirondelle ne fait pas le printemps. Et l’on aurait tort d’oublier prématurément que l’indice de référence de la Bourse de Paris reste fondamentalement orienté à la baisse en dépit de deux constats encourageants, d’ailleurs intimement liés : non seulement sa moyenne mobile à cinquante jours a été refranchie à la hausse dès le 1er avril mais surtout elle vient de reprendre une pente légèrement ascendante. Cette configuration technique plus encourageante risque cependant d’être invalidée en cas de rechute prononcée des cours. En fait, tout va dépendre de la manière dont les marchés boursiers vont accueillir les résultats du premier trimestre dont la publication commence ce mardi aux Etats-Unis (Alcoa ouvre le bal) et va se poursuivre jusqu’en mai en Europe. Une période extrêmement délicate à traverser dans la mesure où l’on sait déjà que les trois premiers mois de l’année ont été extrêmement mauvais pour ne pas dire catastrophiques dans certains secteurs d’activité. Et rien ne dit que le pire a déjà été anticipé et intégré dans les cours. L’humeur des investisseurs que l’on sait très volatile sera donc déterminante dans les semaines à venir.

En attendant, la position actuelle du CAC 40 n’est pas dépourvue d’intérêt. L’indice se trouve en effet actuellement coincé entre deux gaps qui lui servent de bornes provisoires. Le premier remonte au 13 janvier dernier, un trou de cotation de faible importance mais laissé à la baisse entre 3.234 et 3.237 points. Il s’agit d’avoir en tête cet objectif car il ne serait pas hors de portée en cas de poussée spéculative à la hausse. Une étape intermédiaire avant que l’indice ait la force de se rapprocher de sa moyenne mobile à deux cents jours, toujours bien installée sur sa pente fortement descendante et qui se situait ce lundi 6 avril à 3.525 points. Le second trou de cotation est beaucoup plus gênant car il est très récent et surtout très visible. Il remonte en effet au 2 avril, jour du Sommet du G20 à Londres, une impulsion nettement haussière ayant laissé un vide entre le plus-haut atteint le 1er avril (2.841 points) et le plus-bas du lendemain (2.897 points). Or, les gaps, on le sait, ont tous vocation à être comblés et servent d’aimants au marché. Un retour en arrière au moins jusqu’à 2.841 points doit donc être envisagé à court terme. La suite, répétons-le, dépendra de la digestion, vraisemblablement difficile, des comptes trimestriels des entreprises. Une fois encore, le « la » sera donné par les Bourses américaines.

Eric Dadier
Administrateur de la FFCI
Président de l’Institut d’épargne immobilière et foncière (IEIF)