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“La Chine reste un marché mal compris”

“La Chine reste un marché mal compris”




Nous avons rencontré Karine Hirn, co-fondatrice d’East Capital, société de gestion indépendante spécialisée sur les marchés émergents d’Europe de l’Est et de la Chine.

Quelles sont les perspectives des entreprises chinoises ?

La Chine reste un marché mal compris. J’y suis installée depuis 2010 et continue d’être surprise de la différence de perceptions des réalités vécues sur le terrain et celles dont les investisseurs et le grand public à l’extérieur de la Chine semblent se préoccuper.

Le ralentissement de l’économie chinoise inquiète car la demande globale est déjà très affaiblie, mais ce ralentissement s’explique avant tout par les mesures du gouvernement pour freiner les excès notamment du secteur immobilier, de l’endettement des gouvernements locaux liés aux investissements en infrastructure et d’autres secteurs suite au programme de relance gigantesque de 2009.

Tous les secteurs ne sont pas affectés de la même façon, et à l’intérieur de chaque secteur, il faut savoir distinguer aussi les entreprises qui sont mieux positionnées pour faire face à une conjoncture plus difficile ou même en profitent pour consolider leurs parts de marché.

Les entreprises chinoises affichent des taux de croissance moins élevés mais pour la plupart continuent à afficher des bons résultats et des croissances de bénéfices soutenues, de l’ordre de 11% en ce qui concerne le taux moyen de bénéfices par action pour 2012 pour le marché chinois.

Elles sont aussi affectées par d’autres grandes tendances, comme l’augmentation des coûts salariaux et un système bancaire qui favorise les grandes entreprises semi-publiques.

Enfin, la Chine n’a pas seulement la taille d’un continent, elle a aussi la diversité d’un continent, à savoir qu’il existe de grandes variations régionales entre les provinces, qu’il faut prendre en compte au moment de l’évaluation du potentiel et des risques des entreprises.

 

Quels secteurs et valeurs privilégiez-vous ?

L’équipe de gestion d’East Capital a une approche très « bottom-up » et les fonds ne suivent pas les indices.

Cela se reflète notamment dans nos positions importantes dans le fabricant d’ordinateurs Lenovo, le constructeur de matériel informatique Hon Hai (fournisseur principal d’Apple) ou ZTE, l’équipementier telecom.

En général, notre portefeuille est axé sur le thème de la demande intérieure, plus que l’exportation. Cette demande intérieure est avant tout celle des ménages avec des convictions sur certaines positions dans la branche de la santé, Internet et le vente de détail.

Les secteurs de l’énergie, de l’électricité, de la construction et l’industrie sont plus faiblement représentés, car les perspectives des entreprises de ces secteurs sont moins intéressantes.

Parlez nous de la philosophie d’investissement d’East Capital

Notre philosophie d’investissement se base sur trois convictions : le long terme, le focus, la présence locale.

Premièrement nous avons une perspective à long terme pour mieux comprendre les transformations structurelles majeures qui agissent comme moteur de développement de ces marchés et en faire bénéficier nos clients en exposant les portefeuilles d’une façon judicieuse.

Deuxièmement, nous pensons qu’il est important de pouvoir dédier des ressources spécialisées sur ces marchés car ils sont très dynamiques et peuvent changer rapidement.

Enfin, nous sommes persuadés que pour minimiser les risques et optimiser les opportunités sur des marchés qui restent peu transparents et difficiles, il est essentiel d’avoir une approche terrain, nous enrichissons la qualité de l’information au travers des visites de sociétés et de notre réseau important de contacts locaux.

Interview réalisée par Louis Yang