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Jean-François Descaves, Président de Financière de Champlain




Pouvez-vous présenter la Financière de Champlain à nos lecteurs ?

Financière de Champlain est la société de gestion française spécialiste du développement durable. Nous investissons dans le domaine de l’environnement, de la santé, de l’éthique et de la solidarité.

Créée en 2000, Financière de Champlain a été pionnière sur les fonds verts en créant, en 2004, Performance Environnement, un fonds généraliste : eau, énergies renouvelables, déchets. Ce font a été doublement primé en 2008 (Lipper et Palmes de la Vie Financière). Nous nous efforçons de conserver cet esprit pionnier en pratiquant une gestion de convictions que notre indépendance nous permet d’assumer jusqu’au bout.

Pour nous, la performance découle du sens et non l’inverse. C’est en identifiant les vrais enjeux de nos sociétés de demain – pénuries d’eau, indépendance énergétique, vieillissement de la population, cohésion sociale – que nous inscrirons nos performances dans la durée…Les aberrations récentes des marchés financiers et l’entrée dans une phase dure de crise économique donnent à ce type de raisonnement long terme toute sa pertinence.

Pourquoi avoir choisi le développement durable ? Quels sont vos critères de sélection au sein de cette thématique?

A l’origine, nous avons choisi ce positionnement pour des raisons économiques : sa capacité à offrir à la fois croissance et visibilité sur le long terme.

En effet, les secteurs de l’environnement et de la santé sont portés par des réglementations de plus en plus contraignantes et les business modèles de ces sociétés se caractérisent, en général, par des contrats à très long terme.

Deuxième point fort de notre gestion : la prudence. Nous ne recherchons pas la performance à tout prix, nous sommes très vigilants sur les niveaux de valorisation et attachés à « l’éthique » du management des sociétés que nous rencontrons (plus de 600 par an…). Dans nos fonds ISR, nous sommes l’un des rares acteurs à pratiquer l’« exclusion » de secteurs tels que l’armement, le tabac, l’alcool, l’industrie chimique et pétrolière, les tests sur animaux…

Aujourd’hui, le développement durable dépasse largement le cadre de l’environnement. Nous sommes en train d’assister à une formidable convergence entre la contrainte écologique, la réalité économique et la nécessité de trouver des solutions à la crise sociale qui s’annonce. Avec 5 millions de créations d’emplois prévues dans les eco-industries, un programme de 150 Md $ d’investissement dans les cleantech et un objectif de 1 millions de véhicules propres en 2015, le Président Obama donne le ton.

Même phénomène avec le projet de loi Grenelle 1 dont l’application pourrait créer, en France, plus de 500 000 emplois, dans le bâtiment en particulier !

Les valeurs du développement durable ont été très attaquées. La crise remet-elle en question les fondements de votre gestion ?

C’est vrai. Certaines sociétés du secteur de l’environnement ont perdu plus de 50% de leur valeur depuis le début de l’année. En raison de leur forte intensité capitalistique, elles recourent à l’endettement pour financer leur forte croissance. C’est pourquoi elles ont été particulièrement touchées par le resserrement du crédit. Mais nous sommes convaincus que lorsque les tensions sur le crédit s’atténueront, les banquiers recommenceront à privilégier dans leurs financements les sociétés offrant la meilleure visibilité.

Cette « attaque » ne remet pas du tout en cause notre gestion car la visibilité n’a jamais été aussi bonne qu’aujourd’hui pour le secteur de l’environnement ! La Mongolie se couvre d’éoliennes à un rythme impressionnant ! Aux Etats-Unis les crédits d’impôt pour le solaire ont été renouvelés pour 8 ans avant même l’élection d’Obama, en plein cœur de la crise financière !

Vous lancez un nouveau fond de partage: Champlain Solidarité. Quel est l’intérêt de ce type de placement dans le contexte actuel?

Nous pensons que la crise économique devrait malheureusement se traduire par une crise sociale profonde. Les sociétés qui seront les mieux armées pour y faire face pourront mieux amortir son impact économique. La solidarité devient un pilier de la croissance économique. Dans ce contexte, la finance solidaire, aujourd’hui peut connue devrait connaître dans les années à venir une forte progression, comme les fonds verts et les fonds ISR ces dernières années.

C’est pourquoi nous avons lancé, en juin 2008, un fonds de partage ISR, Champlain Solidarité, investi dans des entreprises socialement responsables et dont 75% des revenus sont reversés à 7 associations (protection de l’enfance, assistance aux personnes âgées et lutte contre l’exclusion).

D’un point de vue financier, le portefeuille, composé de valeurs de croissance peu cycliques (environnement, santé…) et offrant un rendement élevé, présente un caractère défensif bien adapté au contexte actuel.

Qu’anticipez vous pour 2009 ? Que conseillez vous à vos clients ?

Nous sommes très pessimistes sur la situation économique mais très optimistes sur les perspectives à moyen terme de nos thématiques d’investissement. Je pense qu’en 2009, il faudra rester à l’écart des sociétés dont l’activité est directement liée à la conjoncture. Les dernières publications de résultats nous en donnent un premier aperçu…

Le secteur de la santé a fait la preuve récemment de son caractère défensif (Essilor, Orpéa, Southern Cross…) et peut donc être un bon thème pour 2009 que notre fonds Performance Vitae permet de capter.

Dans le secteur de l’environnement, les très faibles niveaux de valorisation actuels laissent entrevoir de possibles mouvements de concentrations. Une fois le problème du financement résolu, le newsflow très favorable dans le secteur solaire en particulier, devrait permettre au secteur de rebondir fortement à partir du second semestre.

Jean-François Descaves est Président et Directeur de la gestion chez Financière de Champlain.