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Le FMI revoit fortement à la baisse ses prévisions pour la zone euro

Le FMI revoit fortement à la baisse ses prévisions pour la zone euro




Le Fonds Monétaire International (FMI) a publié aujourd’hui ses prévisions pour l’économie mondiale en 2012. Et c’est pas joli. Du tout.

Le rapport du FMI prévoit pour 2012 une croissance de 3,3% pour l’économie mondiale, contre 4% prévu initialement. Pour la zone euro, le FMI prévoit une contraction de 0,5%. On est loin de la croissance de 1,1% initialement prévue. Voilà qui ne va pas aider nos gouvernements à régler leurs petits problèmes budgétaires …

Le FMI revoit fortement à la baisse ses prévisions pour la zone euro

Voici quelques morceaux choisis, ainsi que leurs traductions en français non-technocratique.

« Le risque le plus immédiat est celui de l’intensification des interactions négatives entre les tensions liées au financement des États et à celui des banques dans la zone euro, aboutissant à une inversion beaucoup plus forte et persistante du levier financier des banques et à de nettes contractions du crédit et de la production. »

Traduction : Les Etats de la zone euro sont à deux doigts de faire défaut, et les bilans des banques, sous-capitalisées, sont truffés d’obligations de ces mêmes Etats. Face à cette menace, le risque le plus urgent est que les banques ne cessent brutalement de prêter de l’argent aux ménages et aux entreprises afin de renforcer leurs bilans. Sans cet accès au crédit, les entreprises se trouveraient incapables de poursuivre leurs activités et la production chuterait alors brutalement. En un mot : une grave crise du crédit.

Le FMI met le doigt sur les problèmes, mais propose aussi beaucoup de palliatifs, et quelques pistes de remèdes, sans toutefois les détailler.

« Ajustement budgétaire » (= Austérité)

« Un ajustement budgétaire excessif pour parer à un manque à gagner conjoncturel risque de saper davantage l’activité, d’éroder l’appui social à l’ajustement et de miner la confiance des marchés. »

Traduction : Etats, n’augmentez pas trop vos impôts et ne réduisez pas trop vite vos dépenses, histoire de ne pas aggraver la récession, de vous assurer du soutien de vos opinions publiques, et de ne pas faire peur à vos créanciers.

« Liquidité » (= pleins d’euros)

« un autre assouplissement monétaire par la BCE au bon moment sera important, conformément à sa mission de stabilité des prix. En outre, la BCE doit continuer de fournir des liquidités et rester activement impliquée dans le rachat de titres pour contribuer à préserver la confiance dans l’euro. »

Traduction : La Banque Centrale Européenne (BCE) doit encore baisser ses taux d’intérêts. Elle doit aussi continuer à imprimer plein d’euros pour les banques contre leurs obligations d’Etat pourries (offre à durée limitée : 3 ans, et soumise à condition : 1% d’intérêt), afin que les investisseurs continuent de croire que l’euro survivra.

« Inversion du levier financier des banques » (= banques : plus de réserves, moins de prêts)

« Pour enrayer les interactions négatives entre la faiblesse de la croissance et la détérioration des bilans bancaires, il faudra injecter plus de capitaux (y compris d’origine publique) dans les établissements de la zone euro, et les instances de supervision devront faire tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter une inversion trop rapide du levier financier qui pourrait entraîner un assèchement du crédit aux effets dévastateurs »

Traduction : Pour préparer les banques de la zone euro à encaisser d’immenses pertes sur leurs obligations d’Etat pourries, il faudra que les investisseurs (y compris les Etats en faillite) remettent au pot. Les régulateurs bancaires – ô combien compétents – devront veiller à ce que les banques ne réduisent pas trop rapidement leurs prêts aux entreprises et aux ménages, histoire d’éviter un assèchement du crédit.

Laurent Curau