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Pourquoi les Français sont-ils frileux au changement de banque ?

Pourquoi les Français sont-ils frileux au changement de banque ?




De nombreux Français sont encore réticents à l’idée de changer de banque. Au total, 1,2 million de demandes de transfert ont été traitées depuis début 2017, ce qui représente très peu au regard des 80 millions de comptes bancaires ouverts en France. S’il est désormais plus simple de changer de banque en France, les clients restent réticents au changement. Découvrez pourquoi.

Plus d’un million de demandes de mobilité bancaire enregistrées en un an

1,2 million de demandes de mobilité bancaire ont été traitées en un an, selon un rapport du Comité consultatif du secteur financier (CCSF), un organisme chargé d’étudier les relations entre les banques et leurs clients. Il s’agit d’un bilan mitigé au regard des pratiques antérieures à la loi Macron. Effectivement, un rapport sur la « Portabilité du compte bancaire » remis en 2014 au ministère des Finances estimait à 3,5 millions le nombre de comptes bancaires clôturés chaque année dans le cadre d’une mobilité bancaire.

Un rapport sur les prix des services bancaires rédigé par Georges Pauget, Emmanuel Constans et Jean Guillaume, montre que la mobilité bancaire aurait même diminué depuis sa mise en place, passant de 7,6 % en 2010 à 1,5 % aujourd’hui.

Changement de banque : l’obstacle du crédit immobilier

Beaucoup de Français sont réticents à l’idée de changer d’établissement bancaire. Bien souvent, le crédit immobilier n’y est pas étranger. Certains expliquent rester dans leur banque actuelle afin de continuer à bénéficier d’un taux de crédit récemment renégocié, pour conserver les avantages acquis liés à leur ancienneté ou encore pour respecter les termes de leur contrat.

Il faut par ailleurs souligner que pour les emprunteurs, la mobilité bancaire pourrait se réduire considérablement dans les prochaines années. En effet, l’ordonnance n° 2017-1090 effective depuis le 1er janvier 2018, autorise les banques à imposer aux emprunteurs la domiciliation de leurs revenus chez elles pendant une durée de 10 ans maximum, en contrepartie d’un avantage tarifaire sur le crédit. Les clients ne peuvent donc pas changer de banque pendant cette période. Avant de changer d’établissement, il est donc essentiel de vérifier qu’une telle clause n’est pas prévue. Ainsi, une large part des Français pourraient ne plus pouvoir faire jouer la concurrence entre les acteurs bancaires.

Les produits d’épargne et l’assurance-vie, d’autres barrières au changement de banque

Si la loi Macron facilite la migration du compte courant, rien n’est prévu pour les produits d’épargne et l’assurance-vie. Le client a la possibilité de transférer facilement ses prélèvements mais il n’est pas accompagné pour le transfert de son épargne bancaire (Livret A, PEL notamment) et financière (PEA), des opérations qui génèrent des coûts. De plus, il n’est pas possible de transférer un contrat d’assurance-vie. La seule option consiste à le clôturer ce qui met automatiquement fin au bénéfice fiscal de son antériorité. Dans de nombreux cas, le client est alors contraint de conserver son ancien compte. Mais avoir deux comptes bancaires n’est pas sans conséquence. Cela entraîne une surveillance renforcée, une hausse des risques d’incidents bancaires et donc des frais bancaires élevés, passé le délai de 13 mois prévu par le dispositif. En effet, l’ancienne banque a l’obligation, durant 13 mois après la clôture, de prévenir en cas de présentation d’un chèque ou d’un prélèvement sur l’ancien compte.

Ce dispositif, utile mais incomplet, donne lieu à une hausse de la multibancarisation. L’étude publiée par CCSF montre que 60 % des Français qui ont profité de la mobilité bancaire ont conservé des produits d’épargne ou d’assurance dans leur ancien établissement bancaire. De plus en plus disposent d’un compte au sein d’une banque traditionnelle et un autre dans une banque en ligne. En effet, le nombre d’ouvertures de comptes auprès de ces acteurs a explosé ces dernières années en raison de leurs tarifs bancaires hyper-compétitifs.

Ainsi, si l’ouverture d’un compte bancaire est facilitée grâce aux innovations du secteur et à l’arrivée de nouveaux acteurs, le changement de banque reste une étape encore incomplète dans sa mise en œuvre pour les clients. C’est d’ailleurs ce que dénonce l’association UFC-Que Choisir qui demande aux parlementaires d’apporter des solutions aux plus grands freins à la mobilité bancaire, à savoir la domiciliation des revenus dans le cadre du crédit immobilier et les frais liés aux transferts des produits bancaires.

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