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Warren Buffett sur la crise du crédit

Warren Buffett sur la crise du crédit




Ceci est la traduction libre d’un extrait de la dernière lettre de Warren Buffett aux actionnaires de Berkshire Hathaway, publiée en février 2009.

A la fin de l’année 2008, les investisseurs de tous bords étaient blessés et désorientés, comme s’ils avaient été de petits oiseaux pris au milieu d’une partie de badminton.

Au cours de l’année dernière, une série de gravissimes problèmes a touché de nombreuses grandes institutions financières à travers le monde. Cela a engendré des dysfonctionnements sur le marché du crédit, qui a ensuite rapidement cessé de fonctionner. Le credo à travers tout le pays est comme celui que j’ai pu lire sur la devanture d’un restaurant quand j’étais jeune : “In God we trust, all others pay cash” (“En Dieu nous avons foi, tous les autres règlent comptant”).

Arrivés au quatrième trimestre, la crise du crédit, accompagnée d’une chute des prix de l’immobilier résidentiel et des actions, a engendré une peur tétanisante qui s’est emparé de tout le pays. S’en est suivie une chute libre de l’activité économique, qui s’est accélérée à un rythme que je n’avais jamais observé auparavant. Les Etats-Unis, ainsi qu’une grande partie du monde, sont devenus pris au piège d’un cercle vicieux. La peur a conduit à une contraction de l’activité qui, à son tour, a créé une peur encore plus grande.

Cette spirale handicapante a provoqué l’intervention massive de notre gouvernement. Pour parler comme au poker, le Trésor et la Fed sont “all in”. La médecine économique qui avait jusque lors été dispensée à la petite cuillère est désormais servie à la louche. Ces doses, inouïes jusqu’à présent, amèneront presque certainement des effets secondaires indésirables. Leur nature exacte reste toute entière à deviner, mais une conséquence probable est une poussée d’inflation.

De surcroît, de grandes industries sont devenues dépendantes de l’aide de l’état fédéral, auxquelles s’ajouteront les requêtes confondantes des villes et des états. Ils ne partiront pas de leur propre gré.

Quels qu’en soient les risques, l’intervention forte et immédiate du gouvernement l’année dernière était essentielle afin d’éviter une panne totale du système financier. Les conséquences d’une telle panne auraient été cataclysmiques pour tous les secteurs de notre économie. Qu’on le veuille ou non, les résidents de Wall Street, de Main Street et de tous les recoins d’Amérique étaient tous dans le même bateau.

Cependant, au milieu de ces mauvaises nouvelles, n’oublions pas que notre pays a fait face à de bien pires obstacles dans le passé. Au seul XXe siècle, nous avons eu deux grandes guerres (une desquelles nous perdions initialement) ; une douzaine de paniques et de récessions ; une inflation virulente qui a conduit à des taux d’intérêt de 21,5% en 1980 ; et la Grande Dépression des années 1930, lorsque le taux de chômage a oscillé entre 15 et 25% pendant des années. L’Amérique n’a pas manqué de défis à relever.

Sans exception cependant, nous les avons relevés. En dépit de ces obstacles et de nombreux autres, le niveau de vie réel des Américains a été multiplié par sept pendant les années 1900, tandis que le Dow Jones passait de 66 à 11,497 points. Comparez les données de cette période à la douzaine de siècles qui ont précédé, pendant lesquelles les humains n’ont pu que peu ou pas améliorer leur qualité de vie.

Bien que le chemin ait été accidenté, notre système économique a bien fonctionné sur la durée. Il a libéré le potentiel humain comme aucun autre système n’a su le faire, et il continuera de le faire. Les meilleurs jours de l’Amérique sont devant elle.

L’indice S&P500 a enregistré un gain trois années sur quatre. Je devine qu’un ratio similaire d’années sera positif sur les 44 prochaines années. Mais ni Charlie Munger, mon associé à Berkshire Hathaway, ni moi-même ne pouvons prédire quelles seront les années gagnantes à l’avance. (Nous sommes convaincus par ailleurs que personne d’autre ne le peut non plus.)

Nous sommes sûrs, par exemple, que l’économie sera en désordre tout au long de 2009 et, soit dit en passant, probablement bien au-delà, mais cette conclusion ne nous dit pas si le marché des actions montera ou descendra.

Bon an, mal an, Charlie et moi-même nous concentrons simplement sur nos objectifs :

  • 1. entretenir la position financière à la Gibraltar de Berkshire Hathaway : d’énormes liquidités, des engagements courts termes réduits, et des douzaines de sources de revenus et de cash ;
  • 2. élargir les “douves” autour de nos entreprises, qui leur donnent un avantage compétitif durable ;
  • 3. acquérir et développer des sources de revenus, nouvelles et diversifiées ;
  • 4. agrandir et développer le vivier de managers d’exception qui ont au fil des années apporté à Berkshire des résultats exceptionnels.

Warren Buffett
Extrait de la lettre aux actionnaires de Berkshire Hathaway, février 2009