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Rien ne se perd, tout se transforme : les 130 ans de cotation de Recylex




A l’occasion des 130 ans de cotation de Recylex en Bourse, nous avons rencontré son Président Directeur Général, Yves Roche.

Spécialisé dans le recyclage, production et transformation du plomb, zinc, plastique et métaux spéciaux, le groupe métallurgique Recylex est coté su le Nyse Euronext. Le géant suisse Glencore en est le principal actionnaire avec 32,1% du capital.

De l’activité minière au recyclage : l’histoire d’un groupe qui s’adapte aux temps

Quelle est l’histoire de Recylex ?

Nous sommes un groupe qui vient des fleurons de l’industrie et du patrimoine minier français. Le groupe est né à la fin du 19e siècle, avec la création de la société Peñarroya, spécialisé dans l’activité minière puis métallurgique. Avec des mines en Espagne (Peñarroya est d’ailleurs le nom d’un village espagnol) et en France, la société avait une forte dominante plomb, zinc, nickel et uranium.

En 1988, la fusion avec le groupe allemand Preussag donne naissance à Metaleurop et c’est le début du virage vers le secteur industriel.

Le début des années 2000 ont été marquées par d’importantes difficultés judiciaires et financières pour le groupe. Alors que le cours du plomb et zinc atteint les minimums historiques en 2003, notre filiale Metaleurop Nord est mise en liquidation et notre maison mère, en redressement judiciaire, s’est battu pour préserver l’intégralité du groupe.

C’est alors que nous avons décidé de profiter de notre expertise dans la transformation du métal pour nous spécialiser dans le recyclage. En 2007, le groupe devient Recylex (le nom est une combinaison de “recyclage” et “expertise”), pour refléter cette nouvelle stratégie et nous positionner comme un acteur majeur du recyclage en Europe.

Recycler, transformer, valoriser : l’activité de Recylex

Parlez nous du modèle économique de Recylex ?

Notre modèle économique repose sur l’intégration de toutes les étapes du recyclage. La mission de Recylex s’inscrit dans une démarche environnementale forte et responsable : recycler, transformer, valoriser. Recycler le plomb, le zinc et le plastique dans le respect de l’environnement ; transformer et fondre la matière usagée pour en renouveler l’utilisation ; valoriser ce savoir-faire au service de nos clients et de nos partenaires.

Pourquoi Recylex est-elle spécialisée dans le recyclage de plomb, zinc et polypropylène (plastique) ?

C’est essentiellement pour des raisons historiques et parce qu’on a un savoir-faire maison du recyclage de ces matières.

Le traitement de plomb continuera l’acteur principal de notre activité. Recylex recycle environ 11 millions de batteries par an et, à partir de ce traitement, produit 140 000 tonnes de plomb. On recycle aussi les composantes plastiques des batteries. Ces matières sont en suite réinjectés dans l’industrie pour fabriquer de nouvelles batteries, de nouvelles coques de batteries ou l’utiliser dans l’industrie automobile, par exemple.

Comment Recylex se positionne-elle par rapport à ses concurrents ?

Il faut d’abord savoir que, quand on fait du recyclage, nous ne parlons pas de concurrence à niveau mondiale : les déchets sont difficilement transportables et on est donc très axé sur l’Europe.

En matière de plomb, on a des concurrents présents en Europe et en France qui, depuis au moins 15 ans, changent peu et traitent plus ou moins les mêmes quantité chaque année. En nombre de volume de batteries traités en Europe, Reclyex estime être dans les trois premiers.

Sur le zinc, le marché est déjà plus concentré donc on a beaucoup moins de concurrents.

La production de métaux spéciaux, la seule activité du groupe qui ne dépend pas du recyclage, est à peine à quelques tonnes par an. Cependant, avec la production de ces métaux à très haute pureté, on est dans l’industrie de pointe : sur certains marchés niche, Recylex est le premier ou deuxième producteur de métaux spéciaux dans le monde.

Recylex et l’avenir : le recyclage est la “matière première secondaire” de demain

On se dirige vers un inévitable épuisement des ressources naturelles, et du plomb en particulier. Quelles alternatives pour l’avenir ?

Le recyclage, bien sûr. De mon point de vue, le recyclage est la “matière première secondaire” de demain.

Le pétrole, par exemple, est malheureusement difficile de recycler mais le plomb et le zinc sont des métaux qu’on peut recycler quasiment indéfiniment.

Remarquez, il y a de moins en moins de mines de plomb tandis que la demande globale augmente : la consommation mondiale atteint les 10 millions de tonnes par an! En Chine, par exemple, la première utilisation du plomb est pour des batteries pour des vélos électriques et cette demande est également forte en Inde et au Viêtnam. Les véhicules à moteurs thermiques (non électriques), très cherchés au Brésil et en Russie, ont une aussi une batterie de démarrage faite avec du plomb.

Comment donc combler ce manque de matières premières ? Avec le recyclage.

Aujourd’hui, environ 60% de la production mondiale de plomb est issue du recyclage et cette part ne cesse d’augmenter. En Europe de l’Ouest on est en sur-capacité de recyclage : toutes les batteries en fin de vie ont la capacité d’être traitées. C’est très bon signe, particulièrement au niveau environnemental. Mais tandis qu’en Europe quasiment 100% des batteries sont recyclées, ce n’est pas nécessairement le cas dans d’autres pays. C’est pour ça qu’on est partit dans l’Afrique du Nord recycler les batteries.

Recylex détient un tiers du capital d’une implantation en Algérie : ce n’est peut-être pas un actif énorme mais c’est très significatif de pouvoir dupliquer notre savoir-faire dans des pays où il y a un fort gisement de matière à recycler, mais de capacité et know-how de recyclage.

Quel rôle l’innovation et la R&D jouent-elles dans votre stratégie ?

On travaille régulièrement avec des universitaires et en interne sur des projets de R&D.

L’objectif principal est aujourd’hui de valoriser le maximum de matières dans tout ce qui rentre dans nos usines. Alors qu’avant on faisait la chasse au volume, maintenant on fait la chasse aux marges.

Et notre savoir-faire est un important avantage de Recylex. Certes, l’Europe a des contraintes que l’Asie, par exemple, ne vit pas mais on a néanmoins décidé de continuer à produire et traiter les déchets en Europe. C’est un atout : on a de très bon techniciens et très bons ingénieurs.

Recylex fait aussi partie d’un groupe de travail en Allemagne qui élabore un processus industriel de recyclage de batterie lithium. Le recyclage n’existe pas encore: on traite des batteries de lithium mais il n’y a pas encore de valorisation matière.

Quels sont vos axes de développement ?

Compte tenu du volume des matières qu’on traite déjà et avec les technologies existantes, notre stratégie est de continuer sur ce qu’on sait faire, plutôt que nous diversifier.

Au niveau de l’internationalisation, nous estimons augmenter les volumes en allant chercher de nouveaux marchés étrangers. On se développera à l’extérieur pour apporter notre savoir faire dans les pays où il y a un fort gisement de matière à recycler mais encore peu de capacité.

Je crois beaucoup dans l’avenir du recyclage. Recylex va continuer dans cette voie, de façon à servir l’industrie de nouvelles matières, s’adapter aux conditions de marché et prendre le virage quand il aura lieu.

Interview réalisée par Teresa Marques

Rien ne se perd, tout se transforme : les 130 ans de cotation de Recylex

Recylex est un groupe industriel français, spécialiste européen dans le domaine du recyclage du plomb (70 % du chiffre d’affaires consolidé), du zinc (20 %) et du plastique (5 %). Le groupe produit également des métaux spéciaux (5 %), utilisés principalement dans le secteur de l’industrie électronique, l’optique et les technologies de pointe.

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