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Le véritable impact de la politique de la Fed

Le véritable impact de la politique de la Fed




Le plan de la Fed d’acquérir pour 900 milliards de dollars de bons du trésor du gouvernement américain d’ici à mi-2011 est déjà en train d’abaisser le coût de l’emprunt et de faire monter le cours des actions.

Mais ce plan est aussi en train de faire chuter le dollar, et monter les prix des matières premières. Tout cela rend le public américain un peu sceptique quant aux bienfaits de ce plan pour l’emploi.

Le lancement de “QE2” (“quantititative easing 2”), la deuxième phase d’assouplissement quantitatif, inclut 600 milliards de dollars d’achats de bons du trésor américain et jusqu’à 300 milliards de dollars pour renouveler des titres de dettes adossés à des crédits immobiliers (les sulfureux “mortgage-backed securities, MBS). Premier effet visible : de grandes entreprises américaines, notées triple A, ont émis pour 12 milliards de dollars d’obligations, d’après Dealogic.

Aux avant-postes : Coca-Cola (KO), qui a émis pour 4,5 milliards de dollars de dette à des rendements incroyablement bas. Ces nouvelles obligations, notées AA3 par Moody’s et A+ par Standard & Poor’s et Fitch, affichent un coupon de 0,75% pour une tranche de 1,25 Mds$ sur 3 ans, pour un rendement de 0,766%. C’est seulement 32 points de base (1 point de base = 1 centième de pourcent) au-dessus des bons du trésor américain de même maturité.

La tranche de 1 Md$ sur 5 ans offre quant à elle un coupon de 1,5%, un rendement de 1,548%, soit une prime de 52 points de base sur les bons du trésor similaires. La tranche de 1 Md$ à 10 ans offre un coupon de 3,15%, pour un rendement de 3,186%, soit 72 points de base au-dessus des t-bonds.

L’émission obligataire de Coca-Cola montre toute l’étendue de l’impact de la politique d’assouplissement quantitatif de la Fed depuis son premier plan, avec plus de 1700 milliards de dollars d’achats d’actifs en tous genres. En mars 2009, au plus fort de la crise, Coca-Cola avait émis des obligations à 5 ans à 3,625%, et à 10 ans à 4,875%, soit 185 et 205 points de base au-dessus des bons du trésor, d’après des données Bloomberg. A titre de comparaison, Coca n’a payé que 52 et 72 points de base pour sa dernière émission de titres à 5 et 10 ans.

“Des taux plus bas pour les obligations d’entreprises encourageront l’investissement” – Ben Bernanke

Dans une rare prise de tribune, Bernanke a pris la défense de la Fed dans un éditorial dans le Washington Post de jeudi dernier : “Des taux plus bas pour les obligations d’entreprises encourageront l’investissement”. Mais Coca-Cola n’a pas utilisé l’argent levé pour investir dans de nouvelles machines et acheter de l’équipement. Cet argent à prix cassé a servi à acquérir des obligations à plus haut rendement de sa récente acquisition Coca-Cola Enterprises, son plus grand embouteilleur d’Amérique du Nord.

Alors que la Fed facilite ce genre d’arbitrage, le tsunami de dollars fait chuter le dollar vis-à-vis des devises des autres pays.

Certains résistent. Le ministre des finances brésilien Guido Mantega, qui a été le premier à évoquer la guerre des changes qui pourraient résulter d’une chute du dollar, a vivement critiqué le dernier plan de la Fed qui mènera selon lui “à de plus grands déséquilibres sur les marchés internationaux”.

L’impact de la politique de la Fed est observable en d’autres endroits. L’or a enregistré un record, juste en-dessous de 1400 dollars l’once. Le baril de brut a fini la semaine à son plus haut depuis deux ans, à 86,85 dollars le baril. Le rally de la Bourse de jeudi dernier a mis 300 milliards de dollars de plus dans les poches des investisseurs, si l’on en croit l’indice Wilshire 5000, l’indice le plus large pour le marché actions américain.

L’impact a été évident sur le marché des bons du trésor US. Le rendement du t-bond à 10 ans a baissé à 2,538% vendredi, soit une baisse de 6,5 points de base en une semaine, malgré des chiffres de l’emploi meilleurs que prévus.

Le véritable impact de la politique de la Fed

Courbe des taux des bons du trésor américain (source : Bloomberg)

Mais tout au bout de la courbe des taux, où la Fed ne s’aventurera pas trop, le rendement des t-bonds à 30 ans est monté de 14,4 points de base par rapport au vendredi précédent, à 4,122%. L’écartement du spread entre les bons à 5-10 ans et ceux à 30 ans reflètent une crainte croissante de l’inflation, comme en témoigne d’ailleurs la forte hausse de l’once d’or.

Laurent Curau

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