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Faut-il investir au Japon ?

Faut-il investir au Japon ?




Avec une hausse de 57% en 2013, le Nikkei a devancé tous les indices de pays avancés en 2013. Est-il encore temps de profiter de cette embellie boursière ? Les professionnels semblent le penser.

Le Nikkei, indice phare de la Bourse japonaise, a enregistré en 2013 une performance proche de 57% telle qu’il n’en avait pas connue depuis 1972. A l’origine de ce rebond miraculeux, la politique des trois flèches mise en oeuvre par le Premier ministre Shinzō Abe (lire notre article Chine et Japon en pleines (ré)formes).

Pour l’heure, c’est principalement la première flèche, celle consacrée à la politique monétaire, qui semble la plus visible et efficace. Avec une approche ultra-accommodante sur le modèle américain de la Fed, la Bank of Japan a réussi à orienter durablement le yen à la baisse. C’est là la première explication de la hausse des indices japonais : qui dit baisse du yen dit anticipations positives sur les perspectives pour les entreprises exportatrices et donc, à terme, sur la croissance.

Seulement, depuis le début 2014, le Nikkei cède du terrain (-6,7% au 3 février). Les investisseurs, qui ont déjà largement anticipé les futurs bienfaits de la politique de Shinzō Abe, attendent désormais des effets tangibles sur l’économie. Or ceux-ci tardent à se faire jour, comme l’illustre la dynamique des révisions à la hausse de bénéfices, qui se tarit depuis la fin 2013.

Un premier bilan de l’action gouvernementale japonaise s’impose donc.

Première flèche : politique monétaire

Rappelons que la politique expansionniste de la Bank of Japan vise à doubler la masse monétaire et à atteindre une inflation (core, hors alimentation fraîche) de 2% fin 2014.

Pour l’heure, la hausse des prix constatée provient essentiellement de la hausse des prix des matières premières et des importations (issues de la baisse du yen). Les variables structurelles de l’inflation demeurent faibles : les salaires n’ont pas encore augmenté, aggravant l’écart entre avec les prix à la consommation. Tant que les salaires ne seront pas orientés à la hausse, le prix des services ne pourra pas augmenter, ni la consommation intérieure.

Ainsi, l’objectif premier de la politique d’assouplissement monétaire semble presque atteint, mais ne suffit en aucun cas à assurer la relance économique indispensable.

Deuxième flèche : politique budgétaire

Pour compenser la lenteur du processus de reflation, le gouvernement Abe a également mis en place des stimuli budgétaires : plan de soutien pour la reconstruction post-tremblement de terre, aide fiscale à l’acquisition immobilière, soutien à la consommation, incitation fiscale pour favoriser la distribution salariale.

Cette politique de relance ne constitue que la première phase du plan budgétaire : l’objectif est de ramener le solde à l’excédent en 2020, d’où la hausse de la TVA de 3 points attendue pour le 1er avril 2014 (et une autre hausse de 2 points en octobre 2015).

Les perfusions budgétaires dynamisent effectivement la demande intérieure depuis le début 2013, mais les investissements et les exportations nettes continuent de peser. Celles-ci, importantes dans l’économie japonaise, peinent à se redresser : “d’une part en raison d’un climat économique mondial encore atone et, d’autre part, à cause de la vigueur passée du yen, qui lui a fait perdre des parts de marché à l’international au profit de la Corée et de Taiwan”, analyse Laetitia Baldeschi, stratégiste chez CPR Asset Management. Sans parler des tensions géopolitiques avec la Chine (autour des îles de Mer de Chine orientale), qui tend à éloigner Shinzō Abe des préoccupations intérieures à son pays.

Si un regain d’activité semble se dessiner dans les secteurs manufacturier, électronique, des machines et des transports, il se traduit, pour l’heure, par un recours accentué aux heures supplémentaires et contrats à durée déterminée. La confiance en l’avenir demeure mesurée.

Quant aux salaires, ils ne bénéficient pas non plus de l’amélioration des marges des entreprises, qui privilégient le désendettement. Quelques grandes entreprises ont annoncé des hausses de salaires, ce qui constitue un point très encourageant. Cependant, elles doivent désormais être suivies par les PME, qui concentrent 75% de l’emploi au Japon. Cette évolution est d’autant plus nécessaire que la hausse de la TVA en avril risque de nuire au pouvoir d’achat des ménages et aux bienfaits de la relance budgétaire.

Troisième flèche : relance de la croissance à long terme

Face à une population vieillissante, le gouvernement Abe a lancé un ensemble de réformes :

  • dérégulation des marchés du travail (mesures pour favoriser le travail des femmes), de l’énergie (relance du nucléaire) et de la santé ;
  • refonte de l’imposition des sociétés : baisse durable compensée par une hausse de l’imposition indirecte sur la consommation (TVA) ;
  • libéralisation du commerce.

Ces mesures ne sauraient produire un effet immédiat. En résumé, les bénéfices des entreprises et la hausse des salaires doivent impérativement prendre le relais. Si les ménages ne voient rien venir, les incitations gouvernementales ne suffiront plus à encourager la consommation ni la croissance.

Les cours de Bourse, déjà boostés par la politique de Shinzō Abe, ne pourront continuer de grimper sans un constat de remontée des bénéfices et sans une implication des investisseurs domestiques.  En effet, ce sont principalement les investisseurs étrangers qui ont jusqu’à présent contribué aux flux sur le marché japonais. Les NISAs – Nippon Individual Saving Accounts – ou plans d’épargne pour les particuliers, dédiés aux actions et fonds de placement japonais, pourraient maintenant entraîner les Japonais eux-mêmes. Encore une fois, une condition s’impose : la progression des salaires.

Les prochaines semaines seront ainsi déterminantes pour l’avenir économique et boursier du Japon. Mais cette incertitude passagère ne remet pas fondamentalement en question la conviction que la Bourse japonaise est vouée à progresser au cours de l’année, encore au-delà de ses concurrentes occidentales : +12,5% selon le scénario central de CPR AM sur les 12 prochains mois.

Rodolphe Taquet, Responsable de la gestion actions internationales chez CPR AM, mise dans ce contexte sur le secteur bancaire, les technologies et la chimie et, d’une façon générale, sur les valeurs décotées.

Note : les informations chiffrées sont issues de la recherche de CPR Asset Management.

Pour profiter de la hausse des indices japonais qui devraient se profiler de nouveau, voici notre sélection d’ETF (chiffres au 3 février 2014) :

Amundi ETF Japan Japan Topix EUR Hedged Daily UCITS ETF
Performance sur 1 an : 27,42%
Performance depuis le début de l’année : -8,51%

iShares Nikkei 225 UCITS ETF EUR
Performance sur 1 an : 20,63%
Performance depuis le début de l’année : -5,32%

Lyxor UCITS ETF Japan (TOPIX) D-EUR
Performance sur 1 an : 17,01%
Performance depuis le début de l’année : -4,14%

iShares MSCI Japan Small Cap UCITS ETF (Acc) EUR : ETF positionné sur l’indice des petites capitalisations japonaises du MSCI.
Performance sur 1 an : 19,87%
Performance depuis le début de l’année : -0,32%

Il est intéressant de noter que les ETF qui ont enregistré les plus belles performances sur 1 an sont aussi ceux qui accusent les plus fortes chutes en 2014.

L’exception concerne l’ETF iShares MSCI Japan Small Cap, qui réalise un score parmi les meilleurs sur 1 an, mais résiste nettement mieux depuis le début de l’année.

Nadège Bénard

Les informations de Cafedelabourse.com et de ses publications sont données à titre pédagogique. Elles ne constituent en aucun cas des recommandations d’investissement. Le lecteur se doit d’étudier les risques avant d’effectuer toute transaction. Il est seul responsable de ses décisions d’investissement.